Tommy Stark

Tom n’avait pas décroché le rôle de Tony Stark. Il a peut-être vu ici une seconde chance de tenir un rôle central dans une série de films reliés les uns aux autres. Car c’est avant tout le rôle de cette momie-là. Installer un soi-disant univers, un "dark universe", destiné à imiter la stratégie commerciale de Marvel, sans jamais parvenir à lui faire de l’ombre.

Tom n’est pas n’importe qui, à Hollywood. Il est un homme important, influant. Un décisionnaire. Il tente donc de s’approprier cette nouvelle franchise, de la faire sienne, comme il le fait depuis maintenant vingt ans avec la saga "Mission : Impossible", qui touche à sa fin. Cependant, il semble désireux de ne pas recréer le personnage de surhomme d’Ethan Hunt. Il est à un point de sa carrière où l’âme rattrape le corps et où il est nécessaire de s’avouer certaines évidences. Il n’a plus vingt ans, et il peut être très drôle. Son rôle dans « Tropic thunder » l’a montré sous un nouveau jour et laissé entrevoir des merveilles quant à ses capacités de jeu et son rapport à lui-même. Il incarne un homme ordinaire, un peu lâche, qui se découvre des qualités lorsqu’il est confronté à des évènements qui le dépassent. Un peu dans le style de « Edge of tomorrow », il faut bien l’avouer.

La première moitié du film n’est pas mal du tout. L’histoire se calque sur celle des précédentes momies tout en ayant sa propre dynamique, et le ton léger rend le film plaisant à suivre. Tom parvient réellement à créer quelque chose. Craignant alors une catastrophe, on se surprend à desserrer les orteils. Ce film serait-il une bonne surprise ?

Il l’est jusqu’à un moment bien précis. Celui où les nécessités d’installer ce p… de dark universe prennent le pas sur le désir de faire un bon film. En l’espace de quelques minutes, on passe de la légèreté à la lourdeur, du mystère à la sur-explication, de personnages amenés à se développer à des stéréotypes condamnés à demeurer à la surface. La scène où l’on passe d’un film à l’autre est celle où le docteur Jekyll se transforme en Mr Hyde. Après, le film perd tout ce qu’il a installé au profit d’un désordre total noyé dans un gloubi-boulga d’effets numériques. Le copain de Tom, joué par un acteur en devenir que l’on aimerait voir plus souvent, disparaît pour revenir quelques minutes avant la fin, Tom perd toute l’ironie qui caractérisait son personnage, et même la grande méchante semble ne plus être vraiment importante pour le déroulement de l’histoire.

Enfin, alors que le film avait intelligemment évité cette idée, Tom devient le surhomme qu’il n’a plus envie d’être, et nous offre une scène de fin risible, cette fois à cause d’une grandiloquence qui devrait être interdite au cinéma.