Jodorowski est ce que l'on peut appeler un homme d'obsessions. Il aime beaucoup les freaks, de préférence tout nus, les histoires métaphysiques et les amputation de membres sur ses propres enfants. Ces gimmicks se retrouvent à peu près dans toutes ses œuvres, que ce soit des films ou des BD. Mais avant d'être un personnage assez excentrique, il est avant tout un artiste complet extrêmement talentueux, à moins que ça ne soit l'inverse. La Montagne Sacrée n'échappe pas à la règle. Il y a a la fois un nombre d'idées de mise en scène impressionnant qui pousse à crier au génie, et à la fois le sentiment que c'est une grosse farce et que le mec se fout complètement de ta gueule.
Le manque de liant entre les scènes est quand même pas mal préjudiciable à l'ensemble et j'ai soufflé quelques fois devant la provocation facile (je fais de l'or en faisant caca) ou le non sens total de certaines scènes. Mais certains passages sont à la fois inspirés et poétiques et relèvent le niveau général. Les présentations des différents "apôtres" font également partie du haut du panier en terme de comédie. Le film aurait d'ailleurs gagné à rester sur ce ton satirique et ne prendre vraiment rien au sérieux. C'est dans la critique par l'absurde qu'il est le meilleur.
Le résultat est un mélange de scènes géniales et de scènes foirées qui cohabitent dans un rythme un peu bancal mais qui fait aussi le charme de ce joyeux bordel, qui est à la fois une critique de la société et une critique de ceux qui veulent la changer, un coup d'épée dans l'eau flamboyant.