Sans que cela ait fait partie du projet initial, le succès retentissant de La Mémoire dans la peau a offert l’opportunité de produire une nouvelle aventure de Jason Bourne à l’écran, débutant une nouvelle franchise, comme c’était déjà le cas avec les livres. Mais réussir une suite n’est, on le sait, pas une chose aisée.


La Mémoire dans la peau venait faire renouer Jason Bourne avec son passé pour mieux s’en extirper et faire table rase. Dans La Mort dans la peau, ce dernier va le rattraper et l’obliger à se lancer dans une nouvelle quête, au moins aussi personnelle que la précédente. S’initiant sur une tragédie, ce second film va reprendre les bases du premier, mais va différer dans le sens où il ne s’agit plus pour Bourne de fuir, mais d’aller se confronter à ses ennemis directement. Une nouvelle fois, il va se retrouver empêtré dans une vaste machination dont il est loin de tirer les ficelles, et où tout le monde va se liguer contre lui pour diverses raisons. Cependant, c’est surtout un souhait de revanche et de définitivement mettre un terme à l’emprise de son passé sur lui qui l’animent.


Là où La Mémoire dans la peau mettait principalement l’accent sur les codes du film d’espionnage, La Mort dans la peau se révèle davantage orienté vers l’action, avec plus de nervosité et de mouvement. Ce virage se matérialise notamment à travers le remplacement de Doug Liman par Paul Greengrass derrière la caméra. Le cinéaste, très à l’aise dans l’exercice du faux documentaire, dans le fait de filmer des images prises « sur le vif », se retrouve donc ici à la tête d’une grosse production, dans un registre qui ne lui était pas encore des plus familiers. Mais cette nouvelle arrivée est une opportunité d’apporter une nouvelle vision sur cette saga naissante, qui s’accommode finalement très bien de cet univers.


Adepte de la caméra à l’épaule, des mouvements secs, d’un montage relativement haché et rapide, Paul Greengrass trouve avec La Mort dans la peau une matière très intéressante à exploiter. Il vient ici insuffler cette notion de mouvement permanent pour accroître le sentiment d’urgence qui accable Jason Bourne et les autres personnages, faisant ressentir les multiples enjeux ici sur la table. On pourrait être tenté de critiquer la manière de filmer de Paul Greengrass et le montage du film, beaucoup trop de films d’action modernes ayant recours à un montage bien trop rapide pour artificiellement accroître le sentiment d’action en donnant du rythme, plutôt que de privilégier des plans fixes et des chorégraphies travaillées, permettant à l’action d’être lisible. Cependant, ici, le parti pris convainc dans le sentiment d’immersion que l’on ressent devant le film, nous intégrant pleinement dans l’action et étant, encore une fois, cohérent avec l’esprit du film.


La Mort dans la peau est donc une suite réussie, prenant le virage de l’action avec succès, tout en pérennisant l’héritage initié par le premier film. Paul Greengrass transforme l’essai en se montrant à la hauteur d’un projet ambitieux qui a permis à sa carrière d’effectuer un bond, et à la saga de prendre une autre dimension. Chassé et chasseur, Jason Bourne continue sa fuite face à un monde qui écrase les individus et qui ne laisse plus de place au bonheur et aux sentiments, et quelque chose nous dit que ce n’est pas encore fini.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art

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le 5 déc. 2021

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