Basé sur un classique des années 1950 (La mouche noire de Kurt Neumann avec Vincent Price (L'homme au masque de cire, Les dix commandements, Edward aux mains d'argent...) dans le rôle titre), David Cronenberg prenait en main The Fly (le titre originel du film) après avoir réalisé Scanners et Dead zone notamment. C'est grâce à La mouche en 1987 qu'il connaît son heure de gloire. Le scénario, peut être simplet aujourd'hui, est maîtrisé de bout en bout par Cronenberg lui même et celui qui avait écrit La mouche noire. Logique, donc, d'avoir affaire à un scénar' béton : un scientifique biologiste met au point une invention qui permet la téléportation d'objets et tente l'expérience sur un singe. Des fuites vers la presse le poussent à tenter L'expérience... Côté interprétation, c'est la perfection pour Jeff Goldblum. Geena Davis, sensible et aimante, apporte sa touche sensible et forme avec Goldblum (son mari à la ville comme à l'écran) un magnifique duo. Les décors sont épatants et les costumes (c'est la soeur de David qui s'en occupe) parfaits. Les effets spéciaux, quant à eux, méritent beaucoup et n'ont pas pris une ride ! La musique de Howard Shore (Le silence des agneaux, c'est lui !) est douce mais prenante. La réalisation (intimiste, réaliste dans les détails et dans le romantisme, virulente grâce au jeu d'acteur de Jeff Goldblum) couronne le tout et fait de La mouche un film majeur de science-fiction. Ce film pose habilement la question de la différence donc du regard des gens sur un être différent et pose ainsi le problème de la médiatisation, déjà en 1987 ! La mouche n'est pas un film d'horreur pur et dur, mais veut régler la notion de sentiments entre la bête et l'Homme. Véritable pamphlet contre la société (encore un problème actuel), la Bête, dans toute sa splendeur, est mauvaise. Pourquoi n'aurait-elle pas de sentiments et donc d'intelligence ? David Cronenberg pose ainsi deux questions : pourquoi la différence ? et pourquoi se doit-elle d'être horrible pour celui qui va rester comme celà toute sa vie ? Véritable réquisitoire contre l'humanité, La mouche se veut dégoutant et l'est. En ce sens, je pense que Cronenberg connaissait la nouvelle de Kafka, La métamorphose (1915 !!). Spectateurs, non seulement c'est un film culte dont je ne vous dirai pas le final, mais en plus il prête à réfléchir. Alors... téléportez-vous ...vers la télé !!! A noter : La mouche remporta le Prix spécial du Jury au festival d'Avoriaz.