Difficile de s'y retrouver dans l'avalanche de sorties dans nos salles obscures depuis le déconfinement. Selon la taille de votre cinéma local, il est probable que plusieurs films ne soient jamais passés près de chez vous ou qu'ils ne soient restés qu'une semaine à l'affiche. Un véritable casse-tête puisque l'abondance de films entraîne beaucoup d'envies, qui ne sont donc pas forcément assouvies.
La Nuée donc. Long-métrage de Just Philippot, un parfait inconnu au bataillon pour ma part, dont la bande-annonce m'avait fait forte impression. On y suit Virginie qui, comme beaucoup d'agriculteurs, galère à joindre les deux bouts. Elle s'est lancée dans l'élevage de sauterelles à la mort de son mari, tablant sur l'explosion de la demande (à sa décharge, ça fait 15 ans qu'on nous promet que l'insecte est le marché de l'avenir). Son entreprise périclite, jusqu'au jour où elle parvient à trouver une recette pour engraisser efficacement ses petits protégés.
Ce qui commence comme une critique sociale devient assez vite un thriller assez classique, mais efficace. Les questions sur la précarité des agriculteurs resteront assez vagues une fois le premier acte fini, on se contentera simplement d'évoquer la méfiance et/ou le racisme des campagnards vis-à-vis des arabes au détour d'une réplique.
C'est donc du côté de l'angoisse qu'il faudra aller chercher notre bonheur. Et heureusement, celle-ci est vraiment bien gérée. Je suis le genre de personne mal à l'aise à la simple vue d'une flaque de sang, on peut dire qu'ici j'en ai eu pour mon argent.
Outre ces quelques plans, la plongée de Virginie dans la folie et le surmenage est vraiment réussie. Suliane Brahim (une autre inconnue au bataillon) est impressionnante dans le dernier tiers du film, et il faut donner une mention spéciale à l'équipe de maquillage qui s'est surpassée, la rendant complètement fantomatique dans les scènes finales.
Chose rare à mentionner dans un film français, les enfants sont vraiment convaincants, en particulier le plus jeune qui n'a pas l'air de réciter son texte par coeur. Je suis moins convaincu par la performance de Kévin (Victor Bonnel), qui fort heureusement n'apparaît que dans 3 scènes. Je vois qu'il a joué dans L'Heure de la sortie, je n'ai pas de grand souvenir de son rôle, mais il était visiblement plus convaincant en collégien psychopathe qu'en archétype de bully du lycée.
Enfin bref, si je regrette la pauvreté de certains plans et la fin un peu expéditive (l'un des enfants est complètement absent du climax, sans grande raison), l'esthétique peu ragoutante du film et le jeu des acteurs principaux vaut réellement le détour. Je ne peux que vous recommander d'aller voir ce film au plus vite, c'est assurément la perle de cette reprise si vous êtes amateurs des films dans ce genre, et il est malheureusement probable qu'il ne reste pas longtemps à l'affiche.