Incroyable. Tout d'abord cette scène d'ouverture : un plan séquence en vue subjective qui nous met dans la peau du tueur. On ne suit pas l'œuvre du mal, on est le mal. Ce plan prend fin en nous revelant l'effroyable vérité : derrière le masque, nul autre que Michael Myers, un enfant.
Après à peine quelques minutes, le ton du film est déjà donné. Le mal n'est pas un monstre, il est un enfant, il est vous et moi, il est en chacun de nous. Et c'est ce que Carpenter va montrer tout au long de Halloween avec ce tueur caché derrière un masque neutre. Le costume d'une grande simplicité laisse place à notre imagination de penser le mal qui s'y cache. La manière de filmer le tueur, la plupart du temps comme une ombre, une forme quelconque, va dans le même sens. On ne montre pas un tueur, on montre le mal incarné, le mal qui nous habite tous, au plus profond de nous-même.
C'est par la mise en scène que Carpenter va instaurer la peur : surcadrage, profondeur de champ, lents travelling. À travers des effets simples utilisés avec virtuosité, Carpenter brouille les pistes, sème un doute perpétuel et donc une tension constante.
D'abord un peu mitigé sur le climax, la fin m'a finalement convaincu avec la disparition du tueur : "on ne tue pas le croquemitaine", on ne tue pas le mal. Car il est en chacun de nous. La boucle est bouclée, que ce soit sur le fond ou sur la forme, car qu'y a-t-il de plus terrifiant que de réaliser qu'on ne peut pas se débarrasser de notre peur ? Le mal est partout et on ne peut pas s'en débarrasser. Une conclusion glaçante pour un grand film.