Premier d'une série de films dont l'auteur fut dans le même temps le créateur du genre l'incontournable Nuit des Morts-vivants est un chef d'oeuvre séminal d'une froideur macabre retentissante. Entièrement ancrée dans son époque ( les années 60 et l'Amérique des droits civiques ) cette série B de prestige fait corps avec les préoccupations sociétales contemporaines : racisme, radioactivité, menace contre l'ordre établi, essor des médias télévisuels et radiophoniques...
Avec une économie de moyens salutaire George Romero reprend la règle des trois unités en ramassant la durée de son intrigue sur à peine plus d'une demi-journée, installant sa poignée de personnages en quarantaine au coeur d'une maison de la classe moyenne. Entre le cinéma fantastique usant de ressorts dramatiques jouant sur le hors-champ et la notion de frontière(s), l'horreur pure faisant la part belle à des maquillages de visages putréfiés et à des passages obligés ( le fameux massacre à la truelle reste en tête longtemps après le visionnage ) et la satire politique La Nuit des Morts-vivants s'avère à la fois narrativement efficace et foncièrement intelligent.
Des films aussi différents que le Rocky Horror Picture Show ( le couple de Johnny et Barbra rappelle beaucoup celui des jeunes mariés du film culte de 1975 ) ou le Signes de M. Night Shyamalan doivent énormément au film matriciel de Romero. Mise en scène réaliste, personnages typés, science du découpage et premier degré assumé : on croirait voir une mythologie pas si éloignée de celle d'un John Carpenter avant l'heure, ce même sens du récit et d'une horreur in-déterminée chers au réalisateur de Halloween et de The Thing. Un classique à voir et à revoir, indispensable au genre et au cinéma in extenso.