Avant même que le film ne commence, des notes nous parviennent aux oreilles.
Ce sont celles que pianotent notre héroïne, Sofia, une musicienne mettant en musique le meurtre auquel nous sommes en train d'assister.
D'abord, elles sont plaquées sur les images macabres que nous voyons en plein écran.
Puis, très vite, à l'aide d'un zoom arrière, des mains tapotant sur un piano viennent interrompre l'angoisse et la peur qui commençaient à monter à la gorge du spectateur.
L'espace d'un instant, il ne sait plus où se trouve les limites entre la fiction et la réalité.
Ce brouillard importé par la musique, ne s'estompera qu'à la fin du film. D'ici là, alors que le spectateur peut voir ce qui se passe à l'écran, contrairement à Sofia qui est non-voyante, son ouïe sera mis à mal par ces notes de piano qu'il entend constamment. Se sera cependant Sofia, dont ce sens a été aiguisé grâce à de longues années d'entrainement, qui va venir lui tendre la main, l'évitant ainsi d'être dupé par ses sens. Ainsi, elle sera nos oreilles et il sera ses yeux, bien que se soit elle qui aime jouer avec les nerfs de l'auditeur.
En effet, c'est elle qui provoque à la fois la musique diégétique et extradiégétique car, lorsqu'elle n'a pas d'écouteurs visés aux oreilles, elle est en répétition. Puis, lorsqu'elle rentre chez elle, s'en va allumer l'enceinte de son appartement, plongeant ainsi le spectateur dans un suspens incessant. Bien qu'il possède la vue, il ne connaît pas à l'avance ce qui peut surgir sous ses yeux, troublé par la musique et les contre-champs. Sofia devient alors son seul espoir pour sortir de cette part obscure qui envahit peu à peu sa vision et son audition.