Jour de colère

Que Dreyer me pardonne, je n'ai pas regardé la version telle qu'il l'avait souhaité, c'est-à-dire exempte de toute composition musicale. Sans regrets toutefois, ceci étant un mal pour un bien, car la version choisie était celle accompagnée de l'oratorio de Richard Einhorn "Voices of Light", qui est absolument superbe, transcendant ce récit âpre et dur en un véritable parcours éprouvant spirituel, et envoûtant.

Le film est magnifique, et surtout d'une violence morale sans égal pour son époque, avec ce final chaotique, destructeur, d'une force dramatique époustouflante. Le réalisateur réussit à atteindre l'essence de l'âme d'une figure mythique, mystérieuse, incomprise, objet de controverses historiques et religieuses, et enchaîne des bravoures de techniques virtuoses (et novatrices), harmonieuses, expressionnistes, ainsi que des gros plans sur les visages qui sont de ceux qui représentent au mieux, dans le 7e Art, la souffrance et la tourmente des personnages, mues par une passion fatale.

De ce fait, je me joins aux dithyrambes concernant Renée Falconetti, mais j'émets tout de mêmes des petites réserves quant à un détail - assez récurrent dans le cinéma muet - sur la surenchère des expressions faciales de certains personnages, moi ça me fatigue au mieux, ça m'agace au pire, et ce film, malgré ses brillantes qualités, n'en échappe pas à travers quelques scènes.

Il n'empêche que c'est un des films les plus éprouvants (quel final monstrueux...), les plus durs, qu'il m'ait été donné de voir, et c'est évidemment un sommet du genre.
Je suis d'ailleurs à deux doigts de mettre 9, laissez-moi le temps de diriger certaines émotions surenchéries et trop fabriquées réprésentées à certains moments...