Un grand classique que cette Planète des singes, signée Franklin J. Schaffner, metteur en scène de Patton et Papillon et dont le film sera repris trente ans plus tard par Burton qui n'en fera qu'une oeuvre très moyenne (en restant gentil).
La planète des singes aborde un thème assez intéressant où l'homme ne dominerait pas une planète mais bel et bien les singes (comme son titre l'indique). On se retrouve face à des singes évolués et qui correspondraient au fond, en comparaison à notre époque, au 17ème ou 18ème siècle d'un temps humain. Des habitations adaptées à l'époque, un développement de la science fortement freiné par la religion, des moyens de locomotion plutôt rudimentaires, à savoir chariots tractés par des chevaux ou tout simplement utiliser sa monture pour se déplacer. Directement, on comprend que cette civilisation n'est pas vieille que cela. Ou qu'ils n'ont du moins pas encore évolué à la vitesse que nous avons pu le faire à partir du développement industriel. Ainsi, Taylor est pris pour un hérétique quand il dit qu'il a volé du ciel ou qu'il vient d'une autre planète. Et que dire de cet exemple avec l'avion en papier ou le représentant de la foi religieuse ne veut pas l'essayer.
Ce qu'il y a d'intéressant, c'est que Schaffner base essentiellement son oeuvre sur la dualité religion / science. Il tente de démontrer que la religion toute dominante et toute puissante constitue un frein au développement d'une société. Ainsi, celle-ci semble avoir peur des choses nouvelles et que la Bible (du moins la Bible simienne dans ce cas-ci) ne peut expliquer ou ne parle pas. La science qui viendrait corrhoborer des choses que la religion tente de cacher. Une religion qui essaie d'expliquer par des événements non-rationnels, la création du singe. La foi religieuse qui a peur de la science. Cette dernière tente pourtant de faire valoir ses droits. Avec peu de succès puisqu'en dépit de leurs explications, les deux comparses de Taylor sont accusés d'hérésie. Tandis que notre héros est lui pris pour le chaînon manquant que la science cherche tant. Une évocation que la religion refuse d'entendre puisque l'homme n'est que bestial et le singe est si humain (ou si simien).
Evidemment on constatera plus tard que le chef de la foi religieuse simienne en savait bien plus. Et que ce qu'il savait, il tentait de le faire pour sauver sa société. Tandis que pour Taylor, il se rend droit vers son destin et découvrir que cette planète n'est pas si étrangère qu'il ne le pense. Arrive alors deux dernières minutes tout simplement remarquables et un dernier plan mémorable. On soulignera justement au passage que la mise en scène de Schaffner est ambitieuse et réussie. Les effets-spéciaux ont très peu vieillis, et le seul élément qui peut paraître dérangeant c'est bel et bien l'aspect extérieur des singes qui se montre parfois assez obsolète comparé aux progrès réalisés maintenant en matière d'effets-spéciaux.
Le second message assez intéressant que délivre cette oeuvre c'est que l'homme, en dépit de toutes les avancées technologiques qu'il réalise, continue de se faire la guerre, de tuer ou de laisser mourir de faim le fils de son frère (dixit les propos de Taylor). On peut dès lors comprendre la rage, la colère, la tristesse qui submerge le héros quand il découvre qu'il se trouve sur la planète Terre. Tant de progrès pour recommencer à zéro et n'être redevenu qu'un sauvage. D'autant que vu l'état de la Statue de la Liberté, l'homme a dû se faire énormément de guerres et perdre tout le savoir acquis auparavant.
C'est ce qui me permet de faire le bond sur un élément assez dérangeant, à mes yeux, mais qui peut paraître peu intéressant dans le traitement de l'histoire. Il est tout bonnement impossible que les chimpanzés aient pu évoluer aussi rapidement sur deux mille ans, là où il a fallu des millions et des millions d'années pour les êtres humains. Bref, c'est peut-être insister sur un bête détail mais à titre personnel, ça fait perdre un peu de crédibilité au film.
Sinon, pour le reste, c'est du très bon comme vous avez pu le lire auparavant. On se trouve devant une oeuvre intelligente, dans laquelle Charlton Heston brille et où Linda Harrison apporte un charme non-négligeable même si son rôle n'est certainement pas le plus difficile qu'elle aura eu à faire de toute sa carrière. On terminera par la musique de Jerry Goldsmith qui est une fois de plus remarquable. Un monsieur qui aura sans aucun doute marqué l'histoire de la musique au cinéma. Bref, cette oeuvre mérite bien son statut de classique.
batman1985
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le 6 mai 2011

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