Dans un été (ou même une période serait-on tenté de dire) où tous les blockbusters se ressemblent et où on a l’impression d’arriver dans un système en surchauffe où règnent remakes, suites, reboots ou autre prequelles, cette trilogie antérieure chronologiquement à l’œuvre initiale de « La Planète des singes » de Schaffner est une réussite qui se clôture plutôt en beauté même si ce dernier volet est peut-être le plus faible. Une belle trilogie de films qui nous a amené à comprendre comment les singes ont pris le contrôle de la planète. Cependant celui-ci est certainement le moins impressionnant, ou plutôt le moins surprenant des trois. « La Planète des singes, suprématie » fait près de deux heures et vingt minutes et au vu de son récit, somme toute assez simple et direct, il aurait pu facilement faire trente minutes de moins. Cela aurait moins fait traîner le récit en longueur et l’aurait rendu plus tendu.
De plus, cet opus privilégie le drame à l’action, ce qui n’est pas forcément un tort surtout qu’on le droit à de très beaux moments empreints de tragédie familiale ou d’émotion pure. A ce titre, le personnage de la petite fille muette est un plus non négligeable qui véhicule beaucoup de sentiments et même de larmes comme lors de la scène avec la fleur. Mais ce n’est pas une raison pour délaisser les morceaux de bravoure et les scènes d’action, et c’est là que le bât blesse un petit peu. Hormis la scène d’ouverture et le dernier quart d’heure efficaces mais qui ne resteront pas inoubliables (comparés, par exemple, au duel final sur le pont de San Francisco dans le premier opus), il y a peu d’action dans ce troisième volet et ça joue un peu sur le rythme général. Sur un blockbuster de cette trempe c’est un peu dommage qu’un gros combat ou une belle cascade en milieu de récit ne vienne pas donner encore plus de nerf à l’ensemble.
En revanche, la précision et la magnificence des effets spéciaux pour le réalisme des singes est ici poussé à son apogée. C’est tout à fait bluffant, on les croirait vraiment l’égal des humains dans leurs expressions faciales, leurs mouvements et même leurs sentiments. Comme dans les précédents chapitres, il y a ici des questionnements moraux intéressants qui sont développés, des questionnements qui rendent « La Planète des singes, suprématie » plus intelligent que la moyenne des blockbusters actuels et sont en phase avec certains événements de notre époque. Dommage qu’ils ne soient pas encore plus poussés, cela aurait rendu le film encore plus fort. Ce volet emprunte à beaucoup de genres, que ce soit le western, le film de guerre à la « Apocalypse Now » (hommage peut-être un peu trop poussé avec le personnage du colonel) ou même au film d’évasion. D’ailleurs cette dernière partie souffre d’invraisemblances, difficile de croire en effet qu’aucun soldat ne voit les primates s’enfuir. Une conclusion de haute tenue et bien au-dessus de la moyenne du genre mais en deçà du bouquet final espéré.