Ma mémoire et moi on a un sérieux problème.
Déjà parce qu’on est infoutues de se rappeler si on a vu ou non le second volet de la planète des singes des années 2010 (a priori je n’ai pas noté le film sur senscritique mais j’en ai pourtant de vagues souvenirs, peut-être de la bande-annonce? ).
Aussi et surtout parce qu’on est tout à fait capable de se souvenir très précisément des œuvres qu’on n’a jamais vues.
Il suffit de tomber un jour sur un reportage qui raconte un film (au hasard “la planète des singes”) pour qu’on s’en souvienne si bien qu’on a l’impression de connaître par cœur ce qu’on n’a jamais eu la curiosité de découvrir vraiment.
Pire, ça nous empêche de vouloir goûter à certains ouvrages dont on n’appréciera pas le suspens à sa juste valeur.


Alors forcément, la sortie de suprématie n’était pas dans la liste des films prioritaires.
Nous (ma mémoire et moi) avons donc attendu calmement que la vague passe pour aller le découvrir tranquillement après la bataille.
En fait de bataille, il se trouve qu’on débarque en plein dedans.
Les singes et les hommes se livrent une guerre sans pitié, au grand dam de César, le plus sage du lot.


Les premières minutes nous épatent par la réussite visuelle de l’animation des singes. On a beau chercher, vouloir pinailler sur certaines poses, on a du mal à trouver une faille.
Et puis on abandonne la traque, à la fois parce qu’il n’y a rien à jeter, le travail est quasi parfait, mais aussi parce qu’entre temps le récit a pris le dessus sur l’aspect esthétique.
L’histoire et surtout la façon de la faire aller d’un point à l’autre, avec une facilité presque insolente.


Pendant que le film déroule tranquillement son parchemin, c’est à peine si ça nous surprend d’éprouver plus d’attirance pour des bêtes à poil que pour nos congénères. Même ce sentiment de proximité avec les primates a l’air tout à fait naturel, logique, simple, basique (coucou OrelSan - [vous avez obtenu le badge “placer une référence actuelle dans votre critique” félicitations!]).


Tout est réussi, tout nous emporte, et c’est bien normal puisqu’on retrouve le sel de ce qui fait les grandes histoires: César a déjà un nom qui force le respect tout en réveillant des pulsions meurtrières, il a la sagesse des vieux sages, l'innocence de celui qui garde l’espoir, le statut d’un Moïse qui guiderait le peuple élu vers la terre promise en le libérant de ses chaînes, le rôle du père qui a tout perdu mais retrouve sa volonté.
Son parcours est le même que celui de beaucoup de héros, c’est toujours la même histoire et pourtant on ne s’en lasse pas.
Même sans jamais avoir vu le film original, on devine, ou on anticipe les éléments laissés sur notre route tels les cailloux blancs du petit poucet pour nous mener jusqu’à la suite des évènements.
L’humanité se perd devant nous, une nouvelle ère arrive, et nous ne sommes pas du bon côté du bateau: nous sommes les oubliés du titanic, ceux qui n’ont pas pu monter dans un canot, et nous regardons notre monde partir à sa perte en étant presque soulagés de voir que les singes vont prendre notre place.


Un film qui arrive à nous faire préférer le clan adverse à celui auquel on devrait logiquement appartenir, c’est quand même un film qui sait mener sa barque.


La planète des singes nous donne envie de tout faire pour ne pas en arriver là, nous permet de réfléchir au comportement qu’on a, à celui qu’on aurait si un jour une espèce était capable de menacer notre supériorité.
Ça permet de nous faire relativiser sur notre position et quelque part ça ne fait jamais de mal.

iori
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le 23 nov. 2017

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