J'aimais Bertand Tavernier et Mme de La Fayette même avant que la Princesse de Clèves ne devienne mon livre préféré à cause d'un certain président de triste mémoire... De fait, toutes les chances étaient de mon côté pour passer un bon moment. Rajoutons à ce duo imparable Lambert Wilson, impérial à son habitude, et un quatuor de jeunes acteurs bien faits de leur personne et impeccables dans leurs rôles. Pourtant, j'avais déjà enregistré au moins deux fois ce film sans me résoudre à le regarder, allez savoir pourquoi. Je n'en avais entendu dire de bien par personne. C'est d'autant plus incompréhensible quand on voit la qualité de la facture. Quand même, je ne suis pas la seule amatrice de films en costumes et de duels à l'épée, si ? Bref, j'ai trouvé ce voyage dans le temps hautement recommandable, pour des tas de raisons, dont celles énumérées plus haut. Mais il y a aussi la langue française, qui sait se parer de charmes qui, s'ils sont un brin désuets, ne m'en semblent pas moins irrésistibles. Quel plaisir d'entendre à nouveau toutes les liaisons du français classique, de retrouver la subtilité des litotes sentimentales et les tournures alambiquées des manières de l'époque. Comme la fréquentation des cours de récré ou des forums de discussion est ensuite pénible ... N'allez pas en déduire que cette œuvre est à réserver aux dinosaures pinailleurs de mon espèce : on y trouve aussi un souffle épique qui justifie un petit détour par la case XVIIème siècle, d'une part, et Charles X de l'autre. Et puis les figures d'Anjou et de Guise portent en elles suffisamment de panache et de fureur pour qu'on leur accorde deux heures de son attention. Allez hop, en selle, et chevauchons sabre au clair à travers les collines verdoyantes de France, et distribuons au passage quelques talonnades joyeuses aux huguenots furibards qui s'accrocheront à nos étriers !