Eric Valette est à mon sens un cinéaste très prometteur, qui après ses expériences outre atlantique catastrophiques devrait rester en France, ne serait-ce que pour ne pas gâcher son potentiel.
J'avais beaucoup apprécié son précédent long métrage, Une affaire d'état, qui était un thriller politique rondement bien mené, malheureusement, ce dernier s'est bien planté au box office. Mais peu importe sur ce dernier point, le réalisateur ne baisse pas les bras et les financiers non plus, puisqu'il revient moins de deux ans plus tard avec La proie. Et à ma plus grande joie c'est un film d'action ayant pour tête d'affiche Albert Dupontel. Tout ça pour dire que mes attentes étaient grandes à l'annonce du projet. Et à quelques détails près, je ne suis pas déçu du résultat.
Ce qui marque d'entrée (enfin au bout de quelques minutes tout de même) c'est la classe visuelle du film. La réalisation est soignée, c'est fluide, cohérent et les plans sont assez variés. Pas grand chose à ajouter sur ce domaine là si ce n'est, de rares situations où ça fonctionne moyennement : un bourre pif manquant de punch ou un carambolage mou dans sa finition par exemple.
Ce qui m'a le moins branché, c'est le scénario dans sa dernière partie, ça s'essouffle un peu. Je suis moins fan de la dernière demi-heure quoi, c'est à dire: à partir du moment où le personnage principal traqué, devient à son tour chasseur. Ce n'est pas tant le fait que le protagoniste change de statut en cours de route, puisque ça répond à une certaine logique après tout. C'est juste que ça me semblait moins trépidant à ce moment là, plus conventionnel, avec des péripéties un peu abusées voire téléphonées. Personnellement, je fais fi des soit disant invraisemblances, ce qui est surtout gavant à mes yeux, c'est l'impression de voir certains personnages se téléporter comme par magie.
Et puis surtout la fin est décevante, on te fait croire que ça va être noir jusqu'au bout (et le film l'est dans son l'ensemble c'est pour ça que c'est rageant), et puis arrive la dernière scène sortie de nulle part. J'avais l'impression de voir la scène de trop, celle qui est fomentée, après la fin du tournage, à la suite de projections tests désastreuses comme c'est souvent le cas à Hollywood.
Niveau interprétations, Albert Dupontel sort du lot évidemment, implication émotionnelle et surtout physique, il n'y a pas grand chose à redire. Et puis je citerai aussi Alice Taglioni qui m'a agréablement surpris en flic casse cou. D'ailleurs la première scène mettant en scène son personnage donne le ton.
La proie est bien plus qu'un film d'action, c'est avant tout un amalgame de genres assez réussi (le film de prison, le western, le thriller,...) avec des morceaux de bravoures palpitants. Les moyens sont limités certes mais, l'ambiance sonore, le montage et les idées font une bonne partie du boulot.
Après le très bon A bout portant, ça fait plaisir de voir le cinéma hexagonal exceller dans ce genre, même s'il faut reconnaitre que ça reste encore perfectible.