Antoine Fuqua est plus un habitué du film d'action typiquement américain que du drama auteurisant. Et avec La Rage Au Ventre, il ne fait pas illusion bien longtemps. Certes, le réalisateur s'améliore d'année en année dans la construction de ses long-métrages, et surtout dans l'exposition et la justesse de son action. Néanmoins, l'histoire qu'il met en scène ici a tout du film de boxe - ou quelconque autre sport de combat - classique. On y voit un champion déchu qui tente de se reprendre en main pour retrouver sa fierté et l'amour de ses proches. À part quelques plans rageurs, et un grand huit psychologique succinct, le protagoniste - Billy Hope - n'est pas si approfondi que cela. Il y a également énormément de drama simplement pour le principe de la dramaturgie, avec des comportements exagérés par endroit et des conflits superflus.


Pour autant, Jake Gyllenhaal est absolument sidérant dans l'interprétation de ce boxeur impulsif drainé émotionnellement. L'acteur poursuit sa carrière presque irréprochable avec un rôle fort, et s'approche indéniablement des sommets. D'une implication extrême dans son personnage, et physiquement monstrueux, il porte la fébrilité du film au sang et à la sueur de son front. L’œuvre a été faite pour lui, et il captive par sa performance, même si ce genre de rôle ne lui correspond pas vraiment ; Eminem - qui était prévu à l'origine - aurait été bien plus adapté. Pour ce qui est des autres personnages, seul Forest Whitaker parvient à faire poindre un peu d'intérêt. Et 50 Cent est complètement à côté de la plaque.


En dépit du drama convenu, les séquences de boxe énergiques viennent équilibrer tout cela avec quelques effets de style de Fuqua pour rendre son film plus percutant. Et comme à son accoutumée, le réalisateur fait une utilisation un peu trop prépondérante de la musique, calant des morceaux Rap/Hip Hop de façon maladroite et rajoutant des compositions qui lui plaisent sur la BO d'Horner, ce qui manque d'homogénéité. Malgré cette simplicité de fond parfois décevante, et un manque de surprises évident dans le scénario, La Rage Au Ventre arrive à rester efficace, notamment grâce à son rythme plutôt bien équilibré. Ce n'est toutefois pas suffisant pour détrôner les classiques tels que Rocky, Raging Bull ou d'autres films plus récents et nettement plus poignants comme Warrior. C'est le risque quand on compte seulement sur le talent de l'acteur lead pour porter toute une production.

AntoineRA
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le 24 juil. 2015

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AntoineRA

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