Christine, la fille du roi de Suède, monte sur le trône alors qu'elle n'est qu'une enfant et que son père est mort à la guerre. Symbole chéri du peuple, elle mène le pays avec fermeté et justice, se passionne pour la culture, fait cesser les guerres dispendieuses. Elle refuse une chose à son peuple : prendre un époux. On lui prête beaucoup d'amants, dont le comte Magnus, un des favoris.

La reine fuit l'ambiance lourde de la cour et se déguise en homme. Elle rencontre Antonio, un fringant ambassadeur d'Espagne venu lui proposer la main du roi d'Espagne. Ils se retrouvent dans une auberge à partager le même lit, elle se donne à lui. Arrivé à la cour, il comprend qu'il a eu la reine comme amante. Le peuple, excité par Magnus, exige le départ de l'ambassadeur, mais Christine fait face bravement. Elle décide finalement d'abdiquer, laissant la couronne à son cousin, pour fuir en Espagne avec Antonio. Mais sur le chemin, Antonio se bat en duel contre Magnus et meurt. Christine arrive au bateau pour trouver le cadavre de son amant. Elle décide quand même de lever les voiles.
----------------------------------------------------

J'ai toujours préféré Garbo à Dietrich, même si je n'ai pas vu beaucoup de leurs films. Garbo a une énergie généreuse et virile, son visage peut être parfait, ou d'autres fois assez disgracieux, selon ce qu'elle veut exprimer, là où Dietrich se réfugie dans le stéréotype.

C'est un film taillé pour une star, mais qui ne bâcle pas les seconds rôles. Un destin, celui de Christine, femme adorée, dominatrice, mais aussi femme prisonnière, qui aimerait voyager alors qu'elle doit incarner la Suède. Femme courageuse, qui affronte une émeute et la calme du regard, pour aller ensuite s'effondrer. Femme virile, qui rivalise d'énergie avec un John Gilbert qui marche dans les pas de Douglas Fairbanks. Femme du Nord, froide et ascétique, comparée au méridional éduqué et bouillant. Une femme qui enfin ne peut pas s'écrouler cf le dernier travelling sur Garbo regardant au loin, par-dessus la proue, les cheveux au vent. Il y a surtout son rire, féroce, franc, à première vue cynique, mais d'une certaine manière enfantin.

Certains plans sont véritablement magnifiques, comme celui où elle se promène de nuit avec des chandeliers dans le palais, où l'on sent l'influence de l'expressionnisme.

Il y a quelques ruptures de rythme un peu étranges, comme ce plan-séquence où Garbo essaie tous les objets simples de la chambre d'auberge qui s'est transformée en petit nid d'amour. Tâtonnements du début des années 1930, quand le parlant se cherche.

Un très beau film, qui ne se restreint pas à "c'est-dur-d'être-un-symbole", mais qui sait jouer de l'humour et du tragique à part égale pour émouvoir.
zardoz6704
8
Écrit par

Créée

le 19 févr. 2014

Critique lue 728 fois

1 j'aime

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 728 fois

1

D'autres avis sur La Reine Christine

La Reine Christine
Caine78
8

La Reine Garbo

Un film somptueux, l'un des sommets de l'œuvre de Rouben Mamoulian. Cette réussite à la mise en scène impressionnante et aux décors particulièrement soignés est d'une beauté stupéfiante de la...

le 5 nov. 2017

3 j'aime

La Reine Christine
estonius
10

Greta Garbo absolument sublime.

L'histoire très romancée du règne de la reine Christine de Suède dominée de bout en bout par une Greta Garbo absolument sublime. On pourra considérer avec raison que certaines scènes sont un peu...

le 3 déc. 2018

2 j'aime

La Reine Christine
Shawn777
8

Un mouchoir au creux du pantalon

Ce film, réalisé par Rouben Mamoulian et sorti en 1933, est vraiment très bon ! Pour être tout à fait honnête, n'appréciant pas vraiment ni les biopics ni les films d'époque, je ne m'attendais pas...

le 26 sept. 2021

1 j'aime

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

40 j'aime

6