La Reine des Neiges II : dépasser un phénomène

Après l’ultra ras-de-marée sorti en 2013, Disney sort cet automne la suite de la Reine des Neiges, avec comme ambition évidente et légitime : dépasser le plus grand film d’animation de l’histoire.
Si le box office semble présager un avenir glorieux, qu’en est-il d’un point de vue artistique ?

On ne va pas tourner autour du pot, La Reine des Neiges II n’est pas meilleur que son prédécesseur. Il n’est pas non plus mauvais attention ! Mais ne pouvant plus compter sur l’effet de surprise, il lui manque un petit quelques choses pour être excellent. Le métrage souffre principalement d’équilibre, à de nombreux aspects. Le scénario ne sait pas trop où donner de la tête, oscillant entre fable, quête ou film d’aventure ; pourtant il a de bonnes idées, beaucoup, trop peut-être. Le film nous perd dans un méli-mélo d’arcs narratifs qui se bousculent et créent un faux rythme à de nombreux moments. Les réalisateurs ont certainement chercher à être trop généreux et tombe maladroitement dans ce piège.
Ce retour à Arendelle reste très agréable, j’ai apprécié retrouvé ces personnages plus vieux de trois ans et logiquement plus murs. Les liens entre les personnages sont développés, et nous assistons à une vraie petite famille attachante qui part à l’aventure sous nos yeux. J’avoue avoir eu peur d’Olaf avant d’aller voir le film, et heureusement son humour est bien dosé et ses blagues font mouche à chaque fois. D’une manière générale, l’humour est très bien écrit et marche à tous les coups. Olaf et Kristoff s’offrent quelques scènes assez hilarantes.

Le passé d’Arendelle et les parents d’Elsa et Anna, sont au cœur de l’intrigue principale ; en apprendre d’avantage sur eux est vraiment plaisant. Le film en fait son thème principal : affronter son passé. Nous découvrons alors un folklore et un peuple voisin intéressants qui étoffent cet univers déjà riche. En plus d’un léger message écologique et féministe, les thèmes abordés parleront aux adultes comme aux enfants.
Cette nouvelle contrée abandonne les montagnes enneigées pour une magnifique forêt automnale. Le film est une prouesse visuelle ; la mer est impressionnante de réalisme, l’eau de manière générale est incroyable. Les cheveux et les poils sont tout aussi réussis, et permettent à Sven de devenir une véritable peluche taille réelle. Cependant tout n’est pas aussi réussi ; les tissus par exemple m’ont fait un petit peu tiquer à quelques rares fois. Sur cet aspect, La Reine des Neiges II ne se hisse pas à la hauteur de Toy Story 4.

Bon, et parlons maintenant de ce qui a fait le triomphe de La Reine des Neiges : la musique. A l’image du métrage, elle ne dépasse pas la bande originale du film de 2013 et son fameux Let it go entêtant. Non pas qu’elle soit mauvaise, la faute va à mon avis à une mauvaise transposition en français (puisqu’on a vu le film en français). La VF se contentant de traduire littéralement les paroles sans chercher à faire preuve de poésie, et occasionnant quelques difficultés à être raccord aux lèvres des personnages, l’audace de Libérée, Délivrée est assez loin. Dommage pour nous, le film compte pas moins de huit compositions originales qui ont pour conséquence de nous sortir régulièrement du film, c’est peut-être un petit peu trop. Néanmoins, deux chansons tirent leurs épingles du jeu : Dans un autre monde et J’ai perdu le nord. Cette dernière est légèrement hors sujet voir anachronique mais a le mérite de nous faire passer un super moment ; nul doute qu’elle trouvera très vite sa place dans ma playlist. Il n’empêche que les doubleurs livrent une prestation tout à fait convaincante et s’effacent parfaitement derrière leurs personnages (Donald Reignoux est toujours aussi excellent ♥).

Personnellement La Reine des Neiges II ne me parait pas moins bon, ni meilleur que le premier opus. La Reine des Neiges étant avant tout une suite parfaite de circonstances surfant sur le succès d’une chanson devenue un phénomène mondial lui permettant de se hisser au sommet de l’animation. Disney ne nous offre rien de plus qu’un bon classique d’animation, qui touche plutôt pour ses personnages attachants et joliment écrits que pour ses péripéties un peu plates.

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