Le Buddy Movie façon Eastwood

En 1990, Clint Eastwood décide de mettre en scène un buddy-movie explosif comme on en voyait des tas à la fin des années 80. Malheureusement, ce quinzième long-métrage n'est pas le meilleur de la fructueuse filmographie de son auteur. Car si l'on peut voir La Relève comme une métaphore où Eastwood, sorte d'Inspecteur Harry vieillissant, laisse place à la jeunesse pour succéder au genre-même du film d'action, le film en lui-même n'a rien de bien extraordinaire...

Nous suivons donc l'arrivée d'un jeune agent insouciant et respectueux des règles, traumatisé par la mort de son frère étant enfant et soucieux de se démarquer de sa riche famille, aux côtés d'un vieux loup insubordonné qui cherche à arrêter des voleurs de voitures criminels et par la même occasion venger son ex-partenaire, assassiné par ces-dits voleurs.

Une intrigue classique donc, se morfondant simplement dans le moule de ces productions similaires des années 80, ne valait par ailleurs aucunement ses prédécesseurs. On a ainsi vu bien mieux en matière de buddy-movie, notamment avec L'Arme Fatale, sa suite, ou encore 48 heures et Tango & Cash, films-phares du genre. Ce bon vieux Clint, peu présent au final, laisse la vedette à un Charlie Sheen déjanté plutôt convaincant face à un Raúl Juliá pittoresque en méchant stéréotypé lui aussi très peu exploité. Rien ne viendra par ailleurs rentrer dans les annales si ce n'est une séquence de bagarre virulente entre notre jeune héros et tout un bar de bikers et une course-poursuite finale sur l'autoroute explosive et tout de même assez époustouflante.

Hélas, ne sent pas concrètement une quelconque malice entre nos deux coéquipiers, ni ce fameux passage de "relève", le vieux flic n'enseignant pas grand chose à la jeune recrue (un point qui, venant de Eastwood, aurait pu être largement plus poussé). Pour le reste, tous les ingrédients sont là pour faire passer un bon moment, de légères répliques cinglantes mais déjà vues en affrontements mano a mano viriles. Mais remplacez Eastwood par n'importe quel acteur de série B vieillissant et vous obtenez un film de la même veine. Un film mineur donc l'auteur de Chasseur blanc, cœur noir, sorti la même année...