Alexandre Dovjenko était l’un des premiers maîtres du cinéma russe. Dans La terre, il dresse le portrait de la ruralité ukrainienne de 1929 en pleine mutation. Le cinéaste met en scène l’affrontement entre les paysans pauvres, favorables à la mécanisation des travaux agricoles qui accompagne le début de la collectivisation des terres, et les paysans riches et propriétaires de leurs terres qui y sont opposés.
Cette vaste fresque sur la paysannerie ukrainienne est, comme de nombreux films russes de l’époque, teintée de propagande pro-bolchévique. Son message – le partage de terres aujourd’hui assure les richesses de demain – est ainsi un peu appuyé à l’image du jeu des acteurs parfois porté jusqu’au lyrisme.
Cependant, le film jouit de qualités esthétiques indéniables et peu communes dans le cinéma muet. Les plans en extérieur font ainsi l’objet de cadrages soignés et atypiques. La mise en scène est précise et veille à montrer l’attachement viscéral des paysans à la terre titre. Le montage du film n’est pas en reste avec l’utilisation appropriée des fondus et autres transparences. La terre propose également une belle galerie de « gueules » figurant idéalement le contenu du film.