Le but avoué de La tortue rouge, indiqué dès le synopsis, est de présenter "les grandes étapes de la vie d'un être humain". Il ne s'agit donc pas tant d'un film de naufragé que d'un film métaphorique, l'intérêt ne résidera pas dans une histoire mais dans la beauté. On a bien des micros péripéties çà et là, mais nous ne sommes pas dans un film d'aventures.
Effectivement c'est beau. C'est très beau, et joliment animé. Le mutisme sied bien au film et les musiques sont magnifiques. Quelques scènes emportent l'adhésion, cet homme forcé d'accepter de jouer le jeu d'une force supérieure maternelle à quelque chose de touchant. Sa lutte vaine le fait passer pour un enfant qui doit grandir, et bien que ça laisse le champ libre pour les interprétations de petits malins sur les vertus de la captivité, ça forme un conte sympathique.
Du moins ça aurait fait un très chouette court-métrage ou moyen-métrage. Là c'est fort long pour ce que ça montre. Ces grandes étapes de la vie sont forcément assez belles voire fortes, mais elles sont aussi logiquement banales. On finit par sentir la vacuité du film qui ne dure pourtant même pas 1h30. Il prend son temps, tout son temps. Mais il finit par ne plus avoir assez de choses à proposer pour que ça en vaille la peine, il devient contemplatif pour être contemplatif. Il se montre purement illustratif sur sa métaphore de la vie, mais n'apporte rien sur ce sujet bien consensuel. Il fait de l'illustration, point barre. Il sera donc réservé à ceux qui peuvent se contenter de ce parti pris, mais il aurait été mieux employé avec un format plus court.