Se présentant comme une œuvre d'aventure simple par son manichéisme et directe par sa courte durée, La Tour sombre est en vérité foisonnante d'idées, de concepts et dégage des atmosphères contradictoires qui s'allient pour proposer quelque chose de neuf. Loin de se vautrer dans un déluge de visuels, la démarche est davantage minimaliste et sur le plan technique on aurait parfaitement pu réaliser ce film 30 ans en arrière. Il aurait surement été apprécié à l'époque d'ailleurs.
Mais nous sommes en 2019, chaque nouveauté pour le cinéma dit de spectacle rime avec bide, et d'ailleurs j'y ai contribué car la promo de l'époque ne m'avait absolument pas attiré en salle.
Dans le rôle du dernier pistolero, Idris Elba impressionne. Perdu entre vengeance, désespoir, honneur et respect des traditions, c'est un héros cynique qu'on aurait davantage aimé voir évoluer en solitaire dans la première partie du film.
En face, l'homme en noir a surtout un look classe mais peu de profondeur à exploiter. C'est souvent le cas dans des œuvres aussi courtes pour les antagonistes.
Beaucoup de scènes touchantes tout au long du film (la mère devant la détresse de son fils, Roland impuissant face à la mort de son père, la première rencontre entre les deux héros) qui lui donnent un supplément d'âme que beaucoup de blockbusters oublient.
Il n'empêche qu'il manque une réalisation qui se démarque. La tour sombre, censée être au centre de l’œuvre est si peu mise en avant, son symbolisme jamais illustré par la caméra, les combats sont particulièrement ternes, et les paysages jamais sublimés. C'est peut-être cette fadeur de mise en scène - contrastant avec la fraicheur du contenu - qui explique l'échec critique et public du film. Ou peut-être le désintérêt de notre époque pour de la nouveauté...
[Edit: Walter reste un méchant de qualité, attachant à détester tant il irradie de perversité]