Dans la lignée d'un quintillion de productions navetiformes et des gros succès de Darabont ou de De Palma parmi les adaptations de King, La Tour sombre semblait avoir pour destin la binarité. Et le battage médiatique nous faisait plutôt attendre un résultat positif. Force est finalement de constater que c'est une vision à revoir : La Tour sombre est d'une médiocrité douce, d'un calme dans le ratage, d'une placidité même qui en fait un entredeux.
C'est lisse comme un roman de Rick Riordan. C'est un regard blasé qu'on pose sur les mondes et les dimensions entrecroisés, et un "Ah" monocorde qu'on éructe à la vision d'un design raplapla. Peut-être la lecture de King était-elle littérale ; je n'ai pas lu La Tour sombre mais je connais bien l'auteur et je reconnais le rôle qu'il donne aux enfants et à la rédemption (en bon Américain) qu'on a comprimé dans le moule des gamins hollywoodiens, des enfants trop grands, des mioches de cinoche que Tom Taylor incarne bien sagement. On compte sur ses larmes pour donner de la consistance au climax émotionnel, particulièrement dur en théorie mais molasson dans les faits.
Rien ne ressort de mémorable, à part quelques paysages et la prestance de McConnaughey, mais la faiblesse cathartique est hors de contrôle ; suis-je le seul à trouver que les méchants dépassent les limites du tolérable en matière de réchauffé, qu'ils ne ressemblent à rien sous la houlette dark-vadorienne de McConnaughey et leurs faux faux airs d'humains ? C'est de la paresseception de créativité, tout ça.
On à affaire à un d'Inferno (Ron Howard, 2016) pour l'ambiance, une touche de The Road (John Hillcoat, 2009) pour relever le ton, et une sorte de Last Action Hero (John McTiernan, 1993) aux manettes d'Idris Elba, toujours prêt à lancer une punchline d'un ton froid et les paupières plissées. Punchlines servant à la concoction d'un effet comique qui s'étrangle tout seul quand elle le font parler chez nous sur Terre, où il découvre ce qu'est un soda ou un hôpital (par contre, il savait ce qu'était une bouteille de gaz puisque qu'il s'en sert pour tuer trois de ses quinze quintillions de victimes).
Conclusion : le syndrome de Super 8 (J.J. Abrams, 2011), un film qui croit tout refaire alors qu'il ne fait rien, qui pense rompre le quatrième mur quand il les consolide tous à la fois. Du petit lait pour McConnaughey, du lait tourné pour nous.
Quantième Art