Au rang des œuvres portant à réfléchir, La Vague de Dennis Gansel remporte son défi haut la main : en transposant dans le cadre particulier de l'Allemagne actuelle l'étude expérimentale de Ron Jones, le long-métrage nous dépeint avec justesse les ressorts comme le pouvoir attractif d'un régime autocratique.
Avec pour toile de fond l'embrigadement d'une jeunesse naïve, La Vague ne manque pas d'arguments pour convaincre, le jeu de rôle grandeur nature de Rainer Wenger, prof' de lycée de son état, prenant peu à peu des dimensions effarantes : si l'on peut lui reprocher un développement semble-t-il précipité (pourtant, Ron Jones y était aussi parvenu en une semaine, donc cela se tient), cette expérience s'avère de fil en aiguille fort passionnante, tant l'ensemble paraît vraisemblable.
Certes, certains traits sont forcés, à commencer par la grande majorité des protagonistes, de loin le grand point faible de La Vague ; si l'on passe outre la malléabilité de ces lycéens (logique dans la continuité du récit), tous demeurent cependant stéréotypés au possible, ceci s'inscrivant dans une optique pour ainsi dire fonctionnelle.
La galerie de personnages principaux comme secondaires nous laisse donc sur notre faim, sans compter que l'évolution de ces figures caricaturales (Tim, Tim, Tim !) gâche en partie l'impact du film, ses dessous dramatiques apparaissant de fait comme foutrement prévisibles ; seul Rainer Wenger s'en sort véritablement, l'originalité de ce prof' proche de ses élèves le servant au mieux, d'autant que son approfondissement s'accorde à la perfection au déroulement d'une intrigue globalement bien maîtrisée.
Si l'on ne s'attache pas vraiment aux protagonistes (malgré un bon casting), La Vague se veut aussi suffisamment pertinent dans sa finalité pour compenser cet état de fait : malgré des errements en cours de route, l'expérience se voit menée à son terme avec la manière, sa conclusion brillante comme haletante vous remuant savamment les méninges... si l'on pouvait craindre que le dénouement soit téléphoné, il n'en est finalement rien (ou du moins pas totalement, la connotation tragique clôturant le film étant elle attendue), de quoi souligner efficacement les travers et dangers d'un régime totalitariste.
Autrement, rien de vraiment significatif dans la forme, La Vague se définissant avant tout de par le traitement d'un sujet brûlant : déplacer le contexte de l'étude en Allemagne s'auréolait d'ailleurs d'un intérêt accru, le spectre du nazisme planant encore et toujours sur une génération n'y ayant aucunement pris part... sans tomber dans le piège de l'exagération et du sensationnalisme, le long-métrage tire profit d'un tel parallèle en posant les bonnes questions et les bonnes réponses.
Non exempt de quelques reproches, et marqué d'une réalisation correcte, La Vague s'en tire pourtant très bien, celui-ci adressant au spectateur un message intelligent et riche d'enseignement... ni plus ni moins.