AVERTISSEMENT : le texte qui suit provient d'une autre interface consacrée au cinéma et fut écrit dans la foulée de mon visionnage du "film" de Morsay. Ayant jusqu'à présent l'habitude de réécrire de nouveaux articles sur CL lorsqu'il s'agit de réévaluer une oeuvre - qu'elle soit bonne ou mauvaise - je me permet de faire une exception avec La Vengeance. Dans la mesure où je refuse catégoriquement ( du moins pour le moment ) de revoir cette longue vidéo nonsensique la critique suivante assume sa prétention à donner un avis définitif sur l'objet en question. Bonne lecture !
Défions gentiment l'envie cynique d'accabler de moqueries l'auteur de cette longue vidéo disponible sur le Tout-Internet et osons l'exigence d'écrire quelque chose d'objectif à son égard. Car on pourrait facilement et pertinemment enfoncer, mépriser, insulter, pamphlétiser le personnage et l'objet concernés... simplement cela reviendrait presque à conforter les attentes du réalisateur ( que nous ne nommerons pas dans ces lignes, cette impudeur pourrait certainement l'embarrasser...) et l'invective serait peu constructive à bien des niveaux.
Une chose est indubitable cependant : l'objet n'est pas cinématographique, ni artistique, ni même principalement filmique. C'est un média. Un média à la portée de tous - comme auraient pu le décréter les pionniers de la télévision - ce qui implique l'idée d'un galvaudage permanent. Ainsi d'une part l'auteur a partiellement raison sur la forme puisqu'il utilise un support idéal à la transmission d'un message ( la vidéo ) tout en compilant ce qui fait d'un projet quelque chose de percutant ( de la violence, de la vulgarité, des nanas fashion, de l'improvisation permettant d'y voir une urgence, une énergie, une parole en marche...) ; mais d'autre part il se plante totalement sur le fond, brassant des idées reçues un peu n'importe tout, et délivrées n'importe comment : un point de vue unilatéral sur ce qui semble être le malaise social d'une banlieue difficilement identifiable ; une reconstitution du système judiciaire d'une rare indigence présente dès les premières minutes ; un manque de crédibilité ahurissant quant aux ambitions des personnages ; des amalgames d'une bêtise déconcertante s'appuyant la plupart du temps sur un manichéisme infantile voire extrêmement dangereux ( selon l'humeur, l'état d'esprit et l'âge du spectateur ).
L'auteur ne nuance jamais son propos et n'apporte rien d'original puisqu'il reprend beaucoup de la surface de La Haine de Mathieu Kassovitz ( narration d'horlogerie, blagues potaches de lascars en galère, titre-synonyme...) sans en conserver l'intérêt discursif ( poser de vraies questions, faire confiance à l'intelligence du public, faire la part des choses en somme...). Voilà une vidéo redoutablement riche en énergie négative, en clichés et en stupidités, d'autant plus pernicieuse qu'elle fonctionne à force de racolage systématique. Je plains beaucoup les jeunes qui auront la malchance de tomber sur cette chose par un simple clic, et encore plus ceux qui ont eu le malheur consentant d'y tenir un rôle. Une horreur.