Ce film, ce film... comment vous dire. J'allais régulièrement chez un ami, et notre jeu consistait à trouver et à regarder les pires navets jamais faits. Il était très fort là-dedans, même si en général on mettait plus de temps à chercher le film qu'à le regarder.
Comme ça on a vu plein de bouts de films avec Jean-Claude Van Damme ou Christophe Lambert, je dis des bouts parce que leurs films sont très drôles pendant quelques minutes, mais à regarder entièrement, c'est vraiment ennuyant. Des films avec Steven Seagal, bon, ça c'est déjà plus digeste, y a une histoire, au moins, c'est très mal joué, y a peu voire pas d'humour, mais Steven tient la route, coûte que coûte, il tient bon. Il est dans son personnage. On y croit.
Et puis y a toute une catégorie d'inclassables. Qui n'appartiennent à aucun genre en particulier, ils sont juste différents. Ce film-là en fait partie. Je crois qu'au début, Morsay, le réalisateur et l'acteur principal, voulait faire un film qui parlait de la banlieue, des problèmes des jeunes, des relations avec la police, l'évolution d'un jeune qui veut s'en sortir grâce au rap, mais... mais... comment dire...
Le résultat n'est pas du tout au rendez-vous. C'est pas le fait que c'est joué n'importe comment, que Morsay et ses amis sont tous gentils et que les flics sont tous méchants, vicieux, qu'ils appartiennent à un fan club secret de hitler au sein de la police française, que le scénario tienne sur un papier à rouler OCB, non c'est autre chose. C'est pas non plus dû aux trente-cinq mots de vocabulaire de Morsay qui a sûrement contribué à l'écriture des dialogues. Personne dans le film ne fait de phrases qu'on pourrait entendre dans la vie de tous les jours, et surtout dans cet ordre-là. Les situations, à la limite s'enchainent très bizarrement, mais pourquoi pas ? Une sorte de film à sketchs. Les réactions par contre, les répliques des gens, sont tellement différentes de ce qu'on est en droit d'attendre, que ça en devient incroyablement captivant.
Du cinéma amateur qui serait persuadé de concourir pour les oscars. La toute fin est quand même particulièrement longue, je me souviens avoir lutté pour ne pas m'endormir.
Pour comprendre le personnage, il est préférable de rechercher certaines videos sur internet, celle où il se présente aux élections présidentielles françaises, ou bien le fameux "message à internet" où il passe dix minutes à menacer de mort les internautes ayant laissé des commentaires négatifs sous ses videos. Où il présente sa bande, Taï-taï, Zehef, Schlaghetto, le pire clochard du ghetto. Pour un visionnage optimal de ce film, rappelez-vous cette phrase simple et directe de Morsay : "cliquez, bande de salopes". Morsay, aimez-le ou mourrez, c'est un peu le message du film.