Deux anciens amis pilleurs de banques liés par la trahison et la vengeance. Rio qui triche à la courte paille en pensant sauver sa peau en envoyant Dad chercher des chevaux frais et dispos. Dad qui, une fois qu’il a trouvé les montures, décide de foutre le camp avec le magot en laissant Rio seul sur une montagne sablonneuse à la merci de leurs pourchasseurs. Au bout de cinq ans d’emprisonnement infernal, Rio ne désire qu’une chose : la tête de Dad. La prémisse met le spectateur en attente d’un bon suspens. Mais plusieurs éléments viennent relâcher la tension en cours de route. En premier lieu, le rythme. Et ce n’est pas le montage qui en est la principale cause, mais le jeu des acteurs. Tout comme dans le film Sayonara de Joshua Logan sorti en 1957, Brando joue avec complaisance en prenant un temps d’acteur avant chaque réplique. Il fabrique le naturel plutôt que de vivre la situation ce qui handicape lourdement la cadence du film. Cela est amplifié ici par le fait que Brando est aussi le réalisateur. On imagine que l’actrice qui lui donne la réplique devait se sentir obligée de jouer dans le même registre. La lenteur des réactions contribue à enlever de la crédibilité à leur relation amoureuse. Leur séparation qui aurait dû prendre des airs tragiques s’avère au final un cliché du genre western. La difficulté à mettre en valeur le potentiel du scénario et à assembler les morceaux du puzzle explique peut-être pourquoi One-Eted Jacks fut la seule réalisation de Marlon Brando qui trouvera bien d’autres façons pour marquer le cinéma…

Elg
6
Écrit par

Créée

le 18 nov. 2019

Critique lue 236 fois

Elg

Écrit par

Critique lue 236 fois

D'autres avis sur La Vengeance aux deux visages

La Vengeance aux deux visages
Fatpooper
10

Marlon je suis à toi

Marlon Brando a réalisé un western, et oui. Le résultat est plutôt réussi. On a droit à de chouettes décors, une chouette intrigue (un revenge movie rythmé par des confrontations psychologiques), de...

le 5 août 2011

8 j'aime

La Vengeance aux deux visages
estonius
10

L'un des plus beaux westerns jamais réalisés.

C'est environ à la moitié de la projection qu'on se rend compte qu'il s'agit là d'un des plus beaux westerns jamais réalisé, western complètement atypique puisque si les ingrédients du western...

le 17 déc. 2018

7 j'aime

La Vengeance aux deux visages
D-Styx
8

La vengeance, un plat qui se déguste froid

Récemment restauré en version 4K sous l’impulsion de Martin Scorsese et Steven Spielberg – et présenté pour l’occasion en Sélection Officielle à Cannes Classics – La Vengeance aux deux visages est...

le 4 mars 2021

6 j'aime

Du même critique

À tout prendre
Elg
8

Dans le courant

Voir ce film en connaissance de la fin tragique de Claude Jutra et de sa postérité ternie par des soupçons de pédophilie est plutôt troublant. Comme si notre élan d’appréciation pour le travail du...

Par

le 16 nov. 2020

3 j'aime

La Grande Évasion
Elg
7

La fausse évasion

Après Le vieil homme et la mer et Les sept mercenaires, voilà un autre film de John Sturges qui me laisse sur ma faim. À chaque fois le sujet ou la brochette d’acteurs à l’affiche avaient semé chez...

Par

le 3 nov. 2020

3 j'aime

1

Accattone
Elg
7

Sans pitié

Âpreté est le mot qui me reste à l’esprit après avoir visionné le premier long métrage de Pier Paolo Pasolini. Tout est rugueux, aride dans ce film : les décors, le propos, les dialogues. Il y a une...

Par

le 2 nov. 2019

3 j'aime