Deux anciens amis pilleurs de banques liés par la trahison et la vengeance. Rio qui triche à la courte paille en pensant sauver sa peau en envoyant Dad chercher des chevaux frais et dispos. Dad qui, une fois qu’il a trouvé les montures, décide de foutre le camp avec le magot en laissant Rio seul sur une montagne sablonneuse à la merci de leurs pourchasseurs. Au bout de cinq ans d’emprisonnement infernal, Rio ne désire qu’une chose : la tête de Dad. La prémisse met le spectateur en attente d’un bon suspens. Mais plusieurs éléments viennent relâcher la tension en cours de route. En premier lieu, le rythme. Et ce n’est pas le montage qui en est la principale cause, mais le jeu des acteurs. Tout comme dans le film Sayonara de Joshua Logan sorti en 1957, Brando joue avec complaisance en prenant un temps d’acteur avant chaque réplique. Il fabrique le naturel plutôt que de vivre la situation ce qui handicape lourdement la cadence du film. Cela est amplifié ici par le fait que Brando est aussi le réalisateur. On imagine que l’actrice qui lui donne la réplique devait se sentir obligée de jouer dans le même registre. La lenteur des réactions contribue à enlever de la crédibilité à leur relation amoureuse. Leur séparation qui aurait dû prendre des airs tragiques s’avère au final un cliché du genre western. La difficulté à mettre en valeur le potentiel du scénario et à assembler les morceaux du puzzle explique peut-être pourquoi One-Eted Jacks fut la seule réalisation de Marlon Brando qui trouvera bien d’autres façons pour marquer le cinéma…