Peu importe que Lumir soit la fille de Fabienne. Peu importe que Juliette Binoche et Catherine Deneuve soient en tête d'affiche. Il en est de l'histoire traitée comme de la savonnette sous la douche, vous pensez la tenir et elle vous échappe, vous la ramassez et elle vous échappe encore. Vous finissez, de guerre lasse, par vous contenter de l'eau même si elle n'est que tiède.
Lumir et Fabienne, fille et mère se retrouvent à l'occasion de la parution des mémoires de la deuxième. Les mémoires souffrent rarement la confrontation avec la réalité surtout quand cette réalité s'incarne dans un témoin aux premières loges de la vie de son auteure. Le thème est intéressant et son potentiel d'une extrême richesse.
La confrontation entre mère et fille n'aura pas lieu, pas même à fleurets mouchetés, suggérés tout au plus mais toujours désamorcés comme si Hirokazu Kore-eda craignait que le sujet ne lui échappe. Les mémoires, prétexte des retrouvailles entre sa fille et elle, sont abordées en filigrane mais vite noyées dans une autre confrontation entre mère et fille dans la fiction que Fabienne tourne en même temps. Dans cette fiction, elle est la fille âgée d'une mère éternellement jeune, ce qui ne simplifie pas l'affaire. Là encore, il vaut mieux bien se cramponner à la savonnette sinon votre cabine de douche deviendra un véritable billard en 3D avec des savonnettes qui volent dans toutes les directions.
Catherine Deneuve et Juliette Binoche se sont prêtées à un exercice périlleux dont elle ne sortent pas grandies. J'ai en tête l'image, peut être désormais surannée, du comédien ou de la comédienne à qui on propose à la lecture un scénario de film ou au moins un synopsis étayé. L'image s'estompe peu à peu, puis disparaît totalement. Y avait-il un scénario au moins ? Peut-être une vague idée tout au plus, puis un exercice d'écriture automatique dont les deux comédiennes sont chargées d'assurer la promotion puis le sauvetage.