On a du mal à retrouver dans La Vérité l’acuité émotionnelle et la subtilité du cinéma de Kore Eda, dont les drames familiaux en forme de thriller émeuvent toujours autant qu’ils passionnent (Nobody Knows, Tel Père, tel fils ou plus récemment Une Affaire de Famille).
La faute à un scénario mal dégrossi et assez convenu, jouant sans second degré sur un affrontement mère/fille peu original.
Dans un jeu de miroir amusant mais limité avec sa propre image d’icône et les fantasmes qu’elle véhicule, Deneuve incarne Fabienne, une vielle actrice égoïste et cinglante à l’instinct maternel (mais aussi amoureux et amical) limité. Le cynisme du personnage délivre bien quelques punchlines bien trouvées, mais servent un propos limité. Si Deneuve semble beaucoup s’amuser à brouiller et tordre son image, c’est un peu en roue libre. Heureusement que son charisme fait parfois oublier son manque de justesse. Surtout, c’est au détriment de pistes narratives pourtant prometteuses. L’artifice du film dans le film est raté par exemple. Bien que l’on comprenne qu’il doit résonner en écho à la situation des personnages, cela ne fonctionne pas du tout. C’est poussif et artificiel, comme le fantôme de Sarah, qui hante le film du début à la fin mais dont on ne saura pas grand-chose si ce n’est que la jeune actrice qui partage l’affiche avec Fabienne lui ressemble.
Le personnage de la fille est un peu plus consistant, et Binoche parvient à tirer le maximum de dialogues d’une triste platitude par un jeu tout en distance. Mais ce n’est pas suffisant.
A ne pas vouloir (ou pouvoir) trop en dire, beaucoup d’effets tombent à plat et ne permettent pas à faire sortir La Vérité de l’anecdote. Un déjà vu poussif très décevant de la part du réalisateur japonais qui n’a visiblement pas réussi à traduire son cinéma dans langue de Molière.

Créée

le 11 janv. 2020

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