C'est toujours un plaisir de voir Jean-Pierre Bacri. "La vie très privée..." le place ici dans la peau d'un homme en difficulté , qui contemple l'abysse avec un air benêt et presque optimiste. Père peu efficace, tenu en piètre estime par son ex- femme et sa fille, trop à l'arrêt, trop gentil, trop passif (une scène le montre ignorant la détresse d'un enfant, par gaucherie...).


Quelque chose est en train de se dévider chez monsieur Sim, devenu colporteur de brosses-à-dents, à la fois motivé et décalé... Lors d'une soirée avec une jeune femme (Vimala Pons) qui le séduit (croit-il), il rencontre un homme (Mathieu Amalric) qui lui parle d'un navigateur solitaire britannique. Celui-ci mentit tant sur son parcours autour du monde, qu'il s'enferma jusqu'au suicide dans son mensonge. Ce fil rouge court le long du film. Il y a ici comme un petit air de "L'adversaire" de Jean-Claude Roman, où un homme désœuvré imagine sa vie jusqu'à se mettre dans une impasse meurtrière. Sim est de cette catégorie de personnes, qui rêve plus qu'il n'accomplit et dont les rares décisions sont impulsives, mal gérées, voire ridicules. Bacri excelle dans ce registre à la fois égaré et touchant.


Le script est tiré d'une oeuvre de Jonathan Coe. et l'adaptation d'un roman, c'est toujours délicat. Au quotidien de Sim se greffe soudain des flash-backs vers son adolescence, puis vers celle de son père, qui mettent en perspective la difficulté de vivre de notre héros. C'est complexe, assez prévisible pourtant, et le film peine, je trouve, à nouer les triples chaines de vies les unes dans les autres (le père, le fils, le navigateur...) et le résultat est que le tout semble parfois un peu artificiel...


Ceci dit, "La Vie très privée de monsieur Sim" donne lieu à des scénettes assez géniales, où Bacri fait respirer son personnage comme jamais. A noter une apparition de l’épatante Valeria Golino. Je vous recommande ce petit film assez pessimiste et doux-amer, un poil trop longuet certes, mais qui compense son manque de punch par de bons personnages, des moments amusants ou poignants et une intrigue / résolution qui surprennent en fin de compte. Même si un poil diluée, l'émotion est au rendez-vous.


PS: J'avais adoré la comédie "Au nom des gens" de ce réalisateur , Michel Leclerc, et j'en profite pour vous inciter à vous ruer sur cette merveille de 2010 si vous l'avez ratée.

nostromo
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le 18 juil. 2016

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nostromo

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