Peu importe sa qualité, La vierge des tueurs restera dans l'histoire du cinéma comme étant le premier film a avoir été tourné en haute définition, juste avant Vidocq et l'épisode II de Star Wars.
Loin d'être un simple gadget, elle donne plus de liberté au réalisateur dans les rues surchargées de Medelin, mais aussi un travail très intéressant sur la couleur, où le bleu, le jaune et le rouge sont mis en valeur, ce qui entre parenthèses correspond aux couleurs de la Colombie !


Pour l'histoire, c'est la rencontre entre un écrivain, revenu dans sa ville natale après trente ans d'absence et un jeune tueur de 16 ans, et entre lesquels un amour va se nouer. La particularité est que cette liaison se fait en Colombie, pays alors très violent où les meurtres en pleine rue n'étaient pas rares. C'est un peu le duel entre cet écrivain, d'un âge mûr, qui prône l'écriture et les mots, tandis que ce jeune homme préfère résoudre ses soucis avec un pistolet en main.
Ce qui frappe surtout c'est que bien que ça soit une fiction, il y a un aspect documentaire qui s'en dégage. Avec cette misère dans les rues, des enfants qui ont des flingues, et même une scène sidérante où, parce que l'écrivain a payé, un garçon sort d'une pâtisserie avec des gâteaux et très vite, des mendiants et des pauvres viennent lui demander à manger ; il se met à leur ordonner de se mettre en rang, à genoux et avec la bouche ouverte, comme pour leur donner la becquée !


Il y a quelque chose de dur qui se dégage de cette histoire, où la Colombie ne semble (semblait ?) pas être un havre de paix, avec la mort qui rôde à tout moment, aussi bien par des gangs adverses que parce qu'un chauffeur de taxi qui parle mal et se fait descendre, mais sans que ça n'ait l'air de choquer personne. Quant aux acteurs, tous colombiens, ils sont vraiment épatants, et jouent quelque chose de risqué dans un pays si catholique, à savoir l'homosexualité, même si ça reste très chaste.


Je ne parlerai pas de la deuxième partie pour ne pas gâcher la surprise, mais elle réussit le tour de force d'être aussi intéressante que la première, car il y a comme une gémellité, les situations se répondent, comme si tout n'était qu'un éternel recommencement.
C'est un film très étonnant, d'un grand pessimisme, mais qui montre à quel point le cinéma de Barbet Schroeder, en plus d'être marqué par le Mal, est très hétéroclite dans ses choix.

Boubakar
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le 15 nov. 2018

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