Monologue intérieur

Almodovar propose une adaptation libre de la pièce de Jean Cocteau à son image: une femme en pleine crise de nerfs (thème qu'il chérit) dans un décor et des costumes hauts en couleur!
Dans un quasi huit clos, Tilda Swinton interprète une femme abandonnée dans son appartement par celui qu'elle aime et qu'elle attends en vain, ayant pour seule compagnie le chien et les affaires qu'il a laissés. La Voix Humaine évoque celle de son ex-mari, que le spectateur ne perçoit pas mais déduit de l'appel, ou plutôt la voix de la protagoniste qui s'enferme dans un monologue intérieur et paranoïaque laissant presque penser au spectateur qu'elle feint une conversation téléphonique alors qu'elle continue sa crise d'hystérie solitaire dans un univers fictif. L'apogée de la crise - lorsque la protagoniste attaque le costume allongé sur le lit à coup de haché - se termine per un zoom arrière dévoile un décors de studio. Or la protagoniste est elle-même consciente de cette illusion puisqu'elle sort du set pour le faire brûler, mettant ainsi fin au film. Le but du film commence lui aussi par un mise en abîme avec une sorte de théâtre dans le théâtre (en référence à Jean Cocteau) ou de cadre dans le cadre (en référence aux Ménines de Velasquez comme l'évoque la robe rouge Dome de Balanciaga face à un cadre de bois couvert d'une bâche trasparente).
Je vois en cette adaptation une relecture originale, actuelle et très drôle de cette période de confinement, puisqu'elle souligne les difficultés à rester enfermé(e)(s) et seul(e)(s), le besoin d'interagir physiquement avec des personnes et non uniquement par téléphone ou écrans interposés, et la complexité des relations amoureuses parfois éphémères.