La colline à des yeux est l’un des films culte de Wes Craven. Ainsi un remake pouvez surprendre, voir même intriguer. C’est Alexandre Aja, réalisateur de haute tension en 2002, qui s’y colle. Il ne se contente pas d’un remake inutile. Non. Il agit différemment. Il décide de se réapproprier totalement l’oeuvre. Pour cela il fera appel à son co-scénariste Grégory Levasseur.
Nous voici donc propulsé en plein milieu du désert du Nouveau Mexique où des essais nucléaires ont eu lieu dans les années 50 sur des reconstitutions de villages américains. En 2006, une famille se perd dans le désert, leur voiture tombant en panne. Ils deviennent alors la proie de personnage horrible (tout droit sortie du Freaks de david lynch) dégénérés nourris aux radiations nucléaires depuis leur plus tendre enfance.
Bref excepté sur la date, le scénario rappelle bien le film original. C’est plus par la mise en scène que cela changera.
Le pré-générique montre le massacre de scientifiques de l’armée. Le générique lui est un montage d’images d’archives d’explosions nucléaires mâtiné de grain et d’idée à la manière du générique de Se7en.
La force d’Aja ? Jouer sur nos attentes ! Tout le début se passe comme prévu vis-à-vis de ce type de film. Ainsi on a droit à quoi ? Des poncifs jusqu’à l’outrance : le désert et ses collines (magnifique et diablement photogénique), la station service, les toilettes délabrées, la panne, les effets de style inhérent au genre.
Le plus surprenant ? C’est que malgré ce déballage mainte fois vu, on reste scotché à notre siège. La tension ne baisse jamais. Et comme je l’ai dit plus haut, la photographie est impressionnante et tout simplement somptueuse. Un style Aja apparaît et nous tiens au corps tout le temps du film.
Et puis le film explose. Après une exposition, on passe à la seconde partie. Le film éclate dans toute sa splendeur. Il tient à la gorge, on ne peut plus respirer, on s’étouffe devant tant de violence et de tension. La bande devient, âpre, bestial, crade, violente, gore (scène horrible du viol, quasi réaliste).
La moindre chute de tension est calculé pour permettre au spectateur de respirer de reprendre ses esprits. Et finalement la violence qui suit n’en est que pire.
Car le film traite de la loi du talion, du retour à la terre et à nos instincts primale/primaire/primate. La loi n’existe plus. La violence est crue, sale, les instincts bestiaux et primaire ressurgisse dans une effluve de sang et de gore. Le réalisme de la mise en scène (caméra à l’épaule) trouve une résonance dans le gore (hardcore avouons le) qui, en même temps, se désamorce et se complètent.
On pourrait peut-être regretter quelques effets de style malvenu… mais finalement cela ne dessers pas le film, car au final la bande apparaît comme sincère et jouissive.
Sans compromis, Aja a tourné comme il le voulait et de manière définitive. Finalement tout cela en fait un film, oppressant, dur, physique, psychologique et incontournable.
Le remake se justifiait-il ? Oui, car celui-ci est meilleur en tout point à l’original. Aja a signé l’oeuvre ultime du slasher.