Avant que le film sorte, on a tant entendu l'argument "histoire vraie", comme si il devait être inattaquable. On a beaucoup parlé de sa mise en scène sous le signe de l'urgence. Très bien, ce genre d'avertissements ne m'effraie pas outre mesure.
Mais la dithyrambe dont le film bénéficie me laisse pantois, et pour tout dire, assez suspicieuse.
Le film raconte le combat contre la maladie qui gangrène le petit garçon, mais uniquement du côté du couple. Bon, déjà, il y a un problème ; on a très peu l'avis de l'entourage, la manière dont les amis les aident à tenir le choc, on ne les sent jamais exister, sauf à picoler.
Les conséquences sociales et sociétales ne sont qu'évoquées qu'à travers des voix-off, qui cachent un peu la poussière sous le tapis de l'impuissance de la réalisatrice. On aurait aimé savoir, connaitre les gens, mais non, ça on n'a pas le droit.
Quant au couple d'acteurs, si Valérie Donzelli s'en sort très bien, et a l'air concernée par ce qu'elle joue, Jérémie Elkaïm y est exécrable ; en plus de ne pas se laver les cheveux et ne pas se raser durant les huit ans que dure l'histoire, il a l'air de bêtement réciter son texte, aucune émotion ne se dégage de lui, et surtout, il raisonne comme un con. Peut-être est-ce une raison morale, mais le voir se souler la gueule, s'éclater avec sa copine, et rouler des pelles à une autre pendant que son petit est entre la vie et la mort, ça ne passe pas vraiment. La scène où il apprend par téléphone la mort de son fils donne plus envie de rire qu'autre chose, parce que ça sonne incroyablement faux.
Et si il n'y avait que lui jouait mal, mais non ; la copine, croisée au Shopi, les parents, tous ont l'air caricaturaux.
Quant à cette mise en scène, dite dans l'urgence, mais ça n'est pas une raison pour la faire trembler de cette façon, de faire des plans si poseurs, comment faisait Raoul Coutard pour faire des plans avec juste un caddie de supermarché ? On aimerait voir des moments plus détendus, mais cette réalisation me parait totalement artificielle.
Mon 3/10 ne veut pas dire que tout est à jeter, les choix musicaux sont plutôt bons, le dernier plan du film, tout au ralenti est très émouvant (car on voit à l'écran la mère, le père et leur vrai fils dans la vie), certains seconds rôles qui arrivent à apporter un peu de densité malgré leur courte présence (notamment Frédéric Pierrot, qui joue le chirurgien), et le personnage de Valérie Donzelli, qui a le courage de (re)vivre ce cauchemar.
En sortant du film, où j'ai discuté du film avec des gens aussi déçus que moi, une référence commune est ressortie ; Claude Lelouch aurait pu traiter un sujet pareil, mais comme il n'a pas la carte critique, ça serait forcément moins bien que ce qu'aurait fait Valérie Donzelli.
C'est vraiment dommage d'avoir ce film, car la force de ce sujet devait nous bouleverser. Au lieu de ça, j'en suis sorti exaspéré.