Vivre et vivre encore !

Ce vieil homme, petit, trapu, aux cheveux parfaitement chenus, aux lunettes bouffantes et au chapeau suranné déborde tellement de cette vie qu’on lui prête qu’on ne jurerait pas avoir affaire au dessin qu’il demeure malheureusement.

Les dix premières minutes - magistrales - du film d’animation sont un condensées de ce que Pixar fait et saura faire de mieux en poésie en humour et en animation.
Comme on feuilletterait un album photo, élaboré au fil du temps avec des souvenirs que l’on souhaite protéger de l’oblitération d’une mémoire fragile, on nous montre en 10 minutes donc l’enfance rêveuse, la rencontre amoureuse et la vie monotone d’un héros qui s’il n’en a pas les qualités d’abord va faire ses preuves au hasard d’une rencontre, quelques temps après le décès de sa femme.

La ville et sa vie mécanique et cadencée puis ces végétations sauvages et luxuriantes sont ces décors épatants où se déroule cette épopée du troisième âge.

La-haut c’est une histoire pour les petits et pour les grands. Enfance, amour, famille, voyage, aventure et deuil en sont les thèmes principaux. Il y en a pour tous les goûts. Et c’est agréable !
Alors certes l’amour, pour sa femme ou pour un fils, fait sont chemin. Certes l’aventure est omniprésente. Certes on voyage jusqu’aux profondeurs de la forêt vénézuélienne et ça aussi c’est agréable.

Mais ce qui m’a le plus touché, parce qu’il est joliment traité c’est le thème du deuil. Du deuil avec un grand D. Savoir lâcher prise d’un passé qui autant qu’il fut agréable est révolu quelque déni et marchandage qu'on lui oppose. Notre héros, notre vieillard, lui, se complait sans ses habitudes, dans ses rituels (s’assoir sur son fauteuil à bascule le matin et laisser trainer son regard dans l’espoir d’effleurer la vie des autres et peut-être vivre la sienne aussi par procuration), dans ses souvenirs (la boite aux lettre et ses empreintes), dans une sorte de solitude qui demeure le seul vestige, la seule preuve d’une époque qui n’a plus cours. La première rupture avec cet état de fait c’est sa rencontre avec un jeune scout attachant avec qui par la force des choses il se retrouvera au Venezuela à affronter son héros d’enfance. Finalement c’est l’aventure d’un homme contre son passé, ses modèles passés et ses souvenirs passés et à moitié déliquescents, car même vieillard on peut avancer, progresser, se laisser aller… en somme vivre et vivre encore. C’est la morale principale de se dessin d’animation, une morale pleine d’espérance et plein de positivisme :) Qu’on ait aime ou non et à ces défauts près qu’ils ne me semblent pas nécessaire d’évoquer tant ils sont secondaires, on ne ne peut pas nier que Là-haut est ambitieux et que Pixar s’en est donné les moyens.

Vu et revu, je conseille ;)