Là-haut
7.5
Là-haut

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Bob Peterson (2009)

Là-haut par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Carl Fredricksen, un jeune gamin timide et introverti, ne savait pas que le goût de l'aventure le tenaillerait à ce point après avoir vu sur un écran de cinéma le célèbre explorateur Charles F.Muntz venant de découvrir en Amérique du Sud les chutes du Paradis. C'est à ce moment qu'il fait la connaissance d' Ellie, une petite fille délurée et rêvant elle aussi d'aventures lointaines. Cet amour de jeunesse va se transformer en amour tendre pour la vie. Les années vont passer dans le bonheur jusqu'à la mort de la pauvre Ellie. Carl a maintenant tout perdu et se met à vivre reclus dans sa petite maison au milieu de ses souvenirs. Il a alors soixante dix huit ans, ne sort plus et perd contact avec la société qui l'entoure. Pourtant un beau jour, on frappe à sa porte. Lorsqu'il daigne enfin ouvrir, il se retrouve devant Russell, un jeune scout de neuf ans qui vient lui demander s'il a besoin d'aide.
Après avoir réussi à éloigner cet intrus, Carl se prend d'une violente altercation avec un ingénieur de chantier dont sa société rêve de casser la maison afin de construire un immeuble. Le vieil homme est donc sommé par la justice de quitter son pavillon et rejoindre une maison de retraite. Cette décision va conduire Carl à accomplir le rêve de sa vie. Ayant accumulé et dissimulé des centaines de ballons attachés à sa maison, il les libère et s'envole avec son pavillon vers l'Amérique du Sud afin de se poser si possible auprès des chutes du Paradis. Une fois dans les airs, il a la surprise d'entendre frapper à la porte. C'est le petit Russell qui était resté sur le seuil de la maison et qui sera donc l'invité surprise de ce surprenant voyage.


Puisque cette aventure s'y prête, survolons un peu la vie de ce vieux ronchon de Fredricksen. Carl, petit garçon très rêveur, ne s'exprime que très peu. Par contre, avec son éternel casque sur la tête, lorsque l'on parle d'exploration et de terres lointaines son regard s'illumine et là, il est animé d'une force intérieure qui lui crie de partir. Il s'émerveille devant les exploits du célèbre aventurier Charles F. Muntz qui a découvert les "Chutes du Paradis" à l'autre bout du monde. Ce célèbre explorateur ne faisant pas l'unanimité auprès des spécialistes, il décide de retourner un jour sur ces lieux et de ramener pour preuve un curieux oiseau "haut en couleur".
La vie du petit Carl va justement basculer à ce moment puisqu'il rencontre une autre "acharnée d'aventure" haute comme trois pommes, Ellie. Ils se font le serment qu'un jour, "croix de bois, croix de fer", ils iront au bord de ces chutes et pourront garnir l'album d'aventures qu'ils chérissent et qui est encore vide de récits et de photos. Pour eux, la grande aventure sera de ne plus se quitter, le mariage, le grand amour pour toute leur vie à deux jusqu'au décès d'Ellie. Leur seule tristesse aura été de ne pas avoir eu d'enfants.
De ce fait Carl, désormais seul, à soixante dix-huit ans, est muré dans son pavillon un peu délabré et ne désire voir personne . Il ne lui reste plus que les souvenirs se rapportant à l'image de sa compagne placée en face du fauteuil dans lequel notre homme passe le plus clair de son temps. C'est Russel un petit scout, hardi et rondouillard, bardé de médailles et avide d'en recevoir une nouvelle qui viendra un jour le tirer de cet isolement, isolement dans lequel on attend d'en finir bien vite avec une vie devenue inutile, une vie faite de noir et de solitude. Le vieil homme sait qu'un promoteur veut s'approprier sa maison et ses souvenirs, il sait que ce prédateur attend son départ voire sa mort afin de faire pousser un nouvel immeuble et ainsi bétonner son quartier autrefois si calme et verdoyant.

Au moment où Carl doit quitter ses souvenirs pour être emmené en maison de retraite une multitude de ballons multicolores (il en vendait autrefois) vont faire décoller sa maison. Le rêve de toute une vie se réalise enfin pour ce vieil homme qui ,flanqué de Russell et son éternelle tablette de chocolat, s'évadent direction... "Les chutes du Paradis".


L'aventure ne fait que commencer car bien des péripéties vont émailler ce voyage difficile, surprenant et dangereux. Nos deux aventuriers feront de drôles de rencontres qui changeront bien des choses pour Carl dans la perception des autres êtres humains. L'une des rencontres va le replonger dans ses souvenirs d'enfance mais là il devra lutter face à un être rongé par la rancœur et prêt à capturer l'oiseau multicolore.
Carl Fredricksen aura sur le tard réalisé son rêve, "croix de bois, croix de fer" et le vieil album d'aventures va enfin pouvoir se remplir de souvenirs. Ellie "là-haut" sera fière et heureuse, autant que notre petit scout qui pourra accrocher une médaille remplie de souvenirs à sa ceinture, et quelle médaille...


Ce film produit par Pixar et réalisé par un duo très talentueux de réalisateurs, Pete Docter et Bob Peterson, est véritablement un évènement cinématographique car après l'inoubliable "Wall-E" il porte très haut le cinéma d'animation américain d'autant que que les images en 3D sont d'une qualité exceptionnelle.
Cette œuvre est scindée en deux parties très distinctes. La première est très intimiste. On retrace l'enfance de Carl en analysant parfaitement ce petit garçon qui par ses pensées et ses rêves vit déjà dans un autre monde. Puis arrive la petite Ellie, pleine d''enthousiasme et tordante avec sa dent en moins. Elle prend l'initiative d'entraîner Carl dans les dédales de l'existence avec le désir commun de l'aventure. Le sourire va se transformer en profonde émotion lorsque la caméra va feuilleter avec délicatesse le livre de leur vie, une vie emplie d'amour, une vie sereine où chaque instant passé en commun est un doux plaisir. A la dernière page, Ellie allongée dans son lit caressera une dernière fois la joue de Carl avant de s'éteindre. Le ciel bleu a alors cédé sa place aux nuages noirs. A ce moment, les personnages paraissent réels et on se laisse prendre par l'émotion du moment.
Ensuite vient la parfaite description de la solitude. Carl qui était devenu un homme heureux est devenu las de tout, il s'est refermé sur lui-même dans l'attente de rejoindre Ellie. Les pelleteuses elles aussi attendent sa fin et tous les moyens seront bons pour déloger cet intrus qui ose à cause de sa petite maison stopper le bétonnage du quartier. Puis un autre intrus va apparaître, c'est Russell le petit scout rondouillard et gourmand, lui aussi un peu seul dans la vie qui vient pour effectuer sa "**B.A.**". A cet instant nous arrivons à la seconde partie du film. Les réalisateurs nous font entrer dans un monde diamétralement opposé où vont se mêler l'imaginaire, l'aventure, l'action, l'humour mais où la psychologie reste présente dans la façon d'aborder ce nouveau programme.
Ainsi nous allons découvrir une meute de chiens manœuvrés car à la solde d'un *"Maître*" revanchard, dénué de tous sentiments d'humanité, à la poursuite d'un magnifique oiseau multicolore gourmand et pacifique.
Des avions avec des mitrailleuses et un énorme dirigeable vont faire concurrence aux ballons qui finissent par se raréfier au cours des épreuves que leur font subir nos héros. Tous ces personnages qui sont formidablement bien réalisés sont attachants au possible. Ceux-ci méritaient bien que des acteurs de choix leur prêtent leur voix. C'est chose faite avec le grand Charles Aznavour très en concordance avec ce vieux ronchon de Carl. Tom Trouffier pour le personnage de Russel est tout à fait craquant.


Ce ne serait pas complet si je ne mentionnais pas que ce film a été conçu d'après une œuvre de Thomas McCarty, de Pete Docter et de Bob Peterson, les deux réalisateurs qui sont également les auteur du brillant scénario. Envolez-vous donc vers l'écran le plus proche afin de déguster cette friandise multicolore haut de gamme.

Grard-Rocher
8

Créée

le 22 août 2014

Modifiée

le 29 mars 2013

Critique lue 3.7K fois

73 j'aime

32 commentaires

Critique lue 3.7K fois

73
32

D'autres avis sur Là-haut

Là-haut
Grard-Rocher
8

Critique de Là-haut par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Carl Fredricksen, un jeune gamin timide et introverti, ne savait pas que le goût de l'aventure le tenaillerait à ce point après avoir vu sur un écran de cinéma le célèbre explorateur Charles F.Muntz...

73 j'aime

32

Là-haut
Gand-Alf
9

Spirit of adventure.

Après avoir réussi haut la main le pari de nous émouvoir avec des jouets, des monstres, des insectes, des poissons, des rats ou encore un robot, le studio Pixar construit son dixième long-métrage...

le 10 juil. 2015

70 j'aime

5

Là-haut
Torpenn
6

L'Hélium de la situation

Dix minutes de tentative pour voir Raiponce, abandon à la première chanson, et mon Dieu que c'est moche ! On se rabat sur Up qui m'a toujours un peu tenté, un vieux qui se casse en maison à ballons,...

le 19 juil. 2011

67 j'aime

49

Du même critique

Amadeus
Grard-Rocher
9

Critique de Amadeus par Gérard Rocher La Fête de l'Art

"Pardonne Mozart, pardonne à ton assassin!" C'est le cri de désespoir d'un vieil homme usé et rongé par le remords qui retentit, une triste nuit de novembre 1823 à Venise. Ce vieil homme est Antonio...

176 j'aime

68

Mulholland Drive
Grard-Rocher
9

Critique de Mulholland Drive par Gérard Rocher La Fête de l'Art

En pleine nuit sur la petite route de Mulholland Drive, située en surplomb de Los Angeles, un accident de la circulation se produit. La survivante, Rita, est une femme séduisante qui parvient à...

166 j'aime

35

Pierrot le Fou
Grard-Rocher
9

Critique de Pierrot le Fou par Gérard Rocher La Fête de l'Art

Ferdinand Griffon est entré malgré lui dans le milieu bourgeois par son épouse avec laquelle il vit sans grand enthousiasme. Sa vie brusquement bascule lorsqu'il rencontre au cours d'une réception...

156 j'aime

47