Là-haut
7.5
Là-haut

Long-métrage d'animation de Pete Docter et Bob Peterson (2009)

Dixième film pour le studio, le droit à l’erreur est interdit pour les studios Pixar. Et pourtant ces derniers se lancent un drôle de défi : réaliser un film où le protagoniste est âge de 78 ans.


Sur le papier, le projet était sacrément risqué pour le studio vis-à-vis du public (notamment auprès du jeune public qui pourrait avoir du mal à s’identifier à un tel personnage). Cependant cette idée loufoque n’est pas là par hasard puisqu’elle émerge de la tête d’un certain Pete Docter (déjà réalisateur du très bon Monstres et Cie) en 2004, en effet tout part d’un dessin représentant un vieil homme un peu bougon et des ballons colorés derrière lui. Ce dessin a permis à Docter et Bob Peterson de développer ensuite une histoire avec ce même protagoniste. Ce ne fut pas facile puisque dans les premières lignes du scénario, Carl avait seulement pour but de rejoindre sa femme au ciel dans une sorte de « mission suicide », le problème pour les deux compères fut de savoir quoi faire ensuite. Ils ont donc eu l’idée de développer une intrigue en Amérique du Sud, c’est Pete Docter qui a insisté puisqu’il aime beaucoup les endroits tropicaux et depuis que Ralph Eggleston lui a montré une vidéo du Venezuela et de ses montagnes pour le film Dinosaure il s’est dit qu’il voulait faire un film en utilisant ses décors. Et donc en 2004, Docter et 11 autres animateurs sont allés pendant 3 jours au Venezuela afin de s’imprégner des lieux et de dessiner des décors s’inspirant de ces décors.
Cette idée leur a permis d’ajouter un nouveau protagoniste dont Carl ne pourrait pas se débarrasser en le remettant à des autorités compétentes (puisque les montagnes sud-américaines sont souvent désertes en population), se voyant ainsi « coincé » avec un jeune enfant. Cette relation « jeune-vieux » a été très bien traité tout au long du film, on a eu droit à des disputes, des rires et des moments remplis de tendresse entre les deux protagonistes.


Voilà pour la naissance du projet, passons maintenant aux choses sérieuses…


Dès le début, le film m’a captivé de par la beauté des graphismes mais aussi de par son déroulement. Quelle idée géniale de voir


toute la vie de Carl et de sa femme Ellie défilait en quelques minutes


sur la musique « Married Life »,


qui est l’une des meilleures musiques de film jamais créées pour moi. Elle accompagne parfaitement les images à l’écran que ce soit les moments joyeux (avec un ton plus « jazzy ») et les moments douloureux


(la mort d'Ellie et le deuil de Carl)


qui sont seulement au piano. Il s’agit pour moi d’une des meilleures ouvertures de film jamais créées et la meilleure du studio Pixar (jusqu’à présent). Et le tout muet s’il vous plaît, c’est incroyable les sentiments qu’elle arrive à faire dégager, on passe du rire aux larmes en quelques secondes !


L’histoire en elle-même est plutôt osé comme je l’ai dit plus tôt, à savoir : faire d’un personnage de 78 ans le protagoniste principal d’un film d’animation où ce dernier part à l’aventure avec un jeune garçon (qui pourrait être son petit-fils) dans le but d’honorer une promesse faite à Ellie où cette dernière rêvait d’aller en Amérique du Sud comme son idole Charles Muntz.


Je dois dire que je ne trouve aucun point faible au film dans son scénario, puisque même les sous-intrigues sont réussis et sont agréables à suivre : comme ramener Kevin (l’oiseau) vers ses petits, ou Doug qui essaye de se faire adopter.
D’ailleurs ce film en général me fait penser à un film de Miyazaki : un héros accompagné d’un petit compagnon (ici Russell avec Kevin), une créature fantastique (toujours Kevin), le thème de l’environnement (un peu présent avec


Kevin que Russell et Carl refusent de ramener en Amérique du Nord afin de l’enfermer dans un zoo)


, un voyage (ici de la maison aux Chutes du Paradis), il y a aussi les Chutes du Paradis qui apparait dans le film comme étant un véritable lieu de paix éternel et enfin une scène de vol ou d’envol (quand la maison est tiré par les ballons !). Tous ces ingrédients sont en général présents dans les films de Miyazaki.
L’histoire m’a beaucoup plu puisqu’elle traite de thèmes d’actualité avec humour (le fait d’envoyer Carl à la maison de retraite du Grand Chêne de force), tendresse et parfois avec un recul critique, comme la scène du feu de camp où Russell n’arrive pas à monter une tente, Carl lui fait alors une réflexion sur son père qui aurait dû lui apprendre mais Russell dit que son père n’est jamais là pour s’occuper de lui. On apprend aussi que ce n’est pas sa mère qui l’éduque (on ne sait pas si ses parents sont divorcés ou si sa mère est décédée…). Malgré qu'il soit dans sa période de deuil, le bougre de Carl a réussi à me faire rire avec la scène du plan-séquence d'une quinzaine de secondes, où il descend les escaliers, sa réaction et son visage impassible vis-à-vis du fauteuil automatique m'a beaucoup fait rire.
Bref des thèmes tout-à-fait présents dans notre monde depuis de nombreuses années, qui font que les personnages apparaissent comme étant profondément humains et donc s’identifier à eux n’en devient que plus facile. Il est donc indéniable de dire que les personnages représentent un des (nombreux) points forts du film. De par leur mimiques, caractères on reconnait forcément quelque chose d’une personne de notre entourage. Mais s’ils sont aussi réussis c’est que les deux protagonistes sont charismatiques à souhait, surtout Carl d’ailleurs, je trouve qu’il dégage une certaine aura, qui le rend à la fois attachant et touchant, malgré son mauvais caractère. Russell, lui permet à Pixar de créer, un premier personnage asiatique qui est de l’importance dans l’intrigue, bien qu’il soit un peu stéréotypé. On dirait vraiment un duo de buddy-movie, avec deux caractères diamétralement opposés et qui sont constamment en train de se disputer. Ah j’ai oublié de parler de l’antagoniste principal du film, le fameux Charles Muntz, il est plutôt réussi dans son genre, à savoir prêt à tout pour retrouver sa notoriété, on assiste même à un combat assez original et épique il faut bien le dire, avec Carl. Il faut noter aussi qu’il s’agit du premier antagoniste Pixar à mourir en tombant.


Que dire de la beauté visuelle du film, les décors sont somptueux et remplis de détails, rien n’est jamais laissé au hasard, que ce soit dans la maison de Carl où bien même dans le repère de Muntz, on remarque plein de détails qui m’ont impressionné de par leur réalisme et leur graphisme. On a droit à quelques plans remarquables, comme celui où la maison décolle pour la première fois, ou encore le plan où Carl et Ellie regarde le ciel et les nuages sur la colline (qui est d’ailleurs la même que dans 1001 pattes), je pourrais aussi citer le plan où Russell et Carl mettent leur lunette d’aviateurs à la fin et prennent chacun la barre. Bref le budget a été utilisé de manière excellente, pour nous offrir une véritable claque visuelle. Même les scènes de combats en avion façon Star Wars rendent très bien. Alors, un grand BRAVO au directeur de la photographie puisque la photographie fut merveilleuse pour ma rétine.


L’histoire, c’est fait, les personnages aussi et les graphismes, je viens de le faire. Qu’est-ce qui me manque maintenant ? La MUSIQUE !! Michael Giacchino nous offre l’une de ses meileures partitions si ce n’est la meilleure (pourtant j’adore celle des Indestructibles, mais je pense que celle-là est un poil au-dessus), tellement sa musique complète à merveille les images. J’ai déjà parlé de « Married Life », donc je ne vais pas m’y attarder mais il y a aussi l’excellente « Carl Goes Up », qui réveille l’esprit aventurier de Carl à merveille et qui ajoute au film une sorte de féerie supplémentaire. On a aussi « Paradise Found » qui est très réussi, le très tropical « Kevin Beak’n » qui introduit Kevin à merveille, sans oublier le très larmoyant et émouvant « Stuff We Did ». J’ai oublié de mentionner « Memories Can Weigh You Down », lorsque Russell décide de partir seul récupérer Kevin, Carl est contraint de vider sa maison pour décoller, ce morceau est un des meilleurs du film puisqu’il combine l’aspect aventureux de Russell à la volonté de Carl décidé à venir en aide à Russell et Kevin. Enfin je terminerais par « Ellie’s Badge », qui complète merveilleusement la scène de retrouvaille entre Carl et Russell. Pas étonnant que Giacchino ait réussi le très prestigieux triplé Oscar-Grammy-Golden Globes de la meilleure musique originale, chose plutôt rare puisque seuls 9 films l’ont fait !


J’ai aussi adoré **


le générique de fin qui est une sorte d’épilogue aux aventures de Russell et Carl


, le tout en prenant le modèle du « My Adventure Book » d’Ellie. On apprend même qu’ils vont voir Star Wars ensemble !
Le **doublage VF est excellent
, j’avais un peu peur pour la voix de Russell mais le jeune Tom Trouffier fait un excellent doubleur pour Russell. Charles Aznavour livre une performance exceptionnelle (déjà pour son âge), mais il arrive aussi à donner à Carl une vraie humanité, de sorte à le rendre très attachant. Après je n’ai pas vu le film en VO, donc je ne sais pas ce qu’il en est mais une nouvelle fois les studios Pixar n’ont pas à se plaindre du doublage VF.


Bref un sujet pas facile à traiter mais ici fait avec émotion, tendresse et humour. Il est considéré par de nombreuses personnes comme étant le meilleur film Pixar, plébiscité par les critiques il a reçu 2 Oscars (dont celui du meilleur film d’animation) et fut nominé dans la catégorie « meilleur film », une première pour un Pixar et la deuxième fois pour un film d’animation, après La Belle et la Bête. Il a aussi conquis les spectateurs puisqu’il a rapporté plus de 735 millions de dollars pour un budget de 165 millions.


Vous l’aurez compris, c’est un film qui ravira les jeunes et les vieux ronchons comme Carl !!

Oromis
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le 6 sept. 2017

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Oromis

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