La Symphonie fantastique par SAzu
Nous sommes en pleine occupation allemande quand Christian-Jaque sort ce film, en France. Il choisit alors une grande figure nationale : le compositeur Berlioz, qui n'est toutefois pas le seul héros français à l'écran : on remarque aussi, entre autres, Hugo et Dumas dans une scène mémorable où ils se proclament "la Jeune France".
Film patriotique donc, qui exalte autant que possible les génies français des arts. C'est à la mesure de la musique du compositeur : "ça fait du bruit", comme le fait remarquer un vieil éditeur dans le film. Et on en prend plein les oreilles et les yeux. Derrière la figure d'un artiste blessé dans son coeur mais internationalement reconnu, Christian-Jaque donne à voir la France. Abîmée par l'occupation, mais invincible dans son âme. Goebbels aurait été ulcéré du film. On comprend aisément pourquoi.
La réalisation créé ce tableau, avec de grandes scènes monumentales pleines de lumières, et d'autres, plus intimes, qui retracent la fêlure chez l'homme, malade d'amour évidemment, mais aussi d'orgueil, incompris de ses pairs et répudié par sa mère. Le malheur semble le poursuivre, ce qui donne des rebondissements en série - qui,certes, peuvent finir par agacer le spectateur. De nombreux plans très photographiés, comme seule l'argentique sait les faire, soulignent enfin le drame permanent de l'artiste maudit.
Un mot des acteurs, mais un mot suffira : excellents. Jean-Louis Barrault bien sûr, de la Comédie Française, est parfait dans son registre. Avec lui, comme c'est presque toujours des larmes, heureusement que nous avons un Blier pour remettre du comique dans le film.
Parfois, oui, la production paraît niaise, désuète, archaïque pour nous, contemporains. Le film a sans doute vieilli. Mais imaginez vous dans le Paris occupé de 1942. Vous vous sentirez sans doute un peu résistant, et c'est pourquoi La Symphonie Fantastique a une place à part dans l'histoire du cinéma.