La vie est belle fait partie de ces œuvres d'une rare beauté qui, en l'espace de deux heures, parviennent à nous embarquer, à nous faire vivre une autre vie. Un destin passionnant, bouleversant face auquel le spectateur ne peut rester insensible. La trame narrative nous présente la destinée vertueuse de George Bailey, tenancier d'une entreprise de prêt bancaire. Notre protagoniste se caractérise par une extrême bonté qui le pousse à prêter main forte à son prochain, même si celui-ci est démuni et risque d'éprouver des difficultés à rembourser son prêt. Jour après jour, année après année notre nôtre chère George enchaîne les concessions, sacrifiant ses rêves d'exploration et de voyages sur l'autel de l'intérêt collectif. Quels que soient les troubles traversés par sa ville natale, il reste présent pour ses habitants. En dépit des épreuves qui l'accablent, il préserve sa force morale, continuant inlassablement d'aider sa communauté à surmonter les tragiques épreuves que sont La Grande Dépression et la Deuxième Guerre Mondiale. Malgré sa grande œuvre l'homme demeure modeste. C'est un de ces héros du quotidien, simple, humble et aimé de tous. Au fil de son film Capra parvient à distiller une foule de bons sentiments sans pour autant tomber dans le piège de la mièvrerie navrante. Sous son apparence de film archétypale mettant en scène un énième affrontement entre le bien et le mal l'œuvre nous livre un conte social fort et touchent.


Un Conte dans lequel George Bailey tient le rôle du chevalier blanc, s'opposant sans relâche à l'acariâtre figure de Henry Potters, ignoble capitaliste sans scrupules prêt à tout pour gonfler son capital. Tel un requin impitoyable cet orge méprise ses congénères, n'hésitant pas à les parquer dans les logements insalubres qu'il possède leur imposant des loyers exorbitants. Un être écoeurant qui pousse le vice jusqu'à profiter de la grande dépression pour s 'accaparer les biens des clients les plus modestes de sa banque. Chaque nouvelle crise étant une occasion inédite de combler son déficit d'humanité par une pluie de dollars. Sa richesse se bâtie sur un amas de misère. Le film est donc l'occasion de dresser une dénonciation éloquente de la société moderne – par moderne comprenez industrialisée- gangrenée par les financiers. Une société régie par le dieu dollars. Un Dieu qui n'a que faire l'humain. Du moment que les banques s'engraissent, le reste n'a que peu d'importance. Notre héros cependant se confronte sans vasciller à l'imposant milliardaire, prouvant que l'humain n'est pas une valeur désuète. Tout au long du film, il nous rappelle que dernière des comptes en banque, des endettements, au-delà des chiffres se cachent des êtres vivants et bel et bien réels, accablés par la misère. Par sa compréhension et sa compassion, il offre un exemple probant de bonté. Il démontre qu'en tablant sur l'entraide et la compréhension, il est possible de s'en sortir. Certes, on amasse de fortunes affriolantes comme cela, mais on acquiert une richesse bien plus précieuse : l'amour d'autrui et l'amitié de ceux qui nous entourent. C'est bien là la morale du film. Je dis morale et je le dis à dessein, car l'œuvre, à bien des égards, peut être considérée comme un conte. Elle rappelle d'ailleurs sous bien des aspects Le Drôle De Noël de Skrooge de Charles Dickens. L'exception c'est qu'ici, ce sont les accomplissements de l'homme vénérables qui sont mises en valeur par l'ange - qui peut être assimilé à l'esprit de Noël présent dans le livre du célèbre écrivain anglais - et non pas celui de l'ignoble avare Skrooge. Ce dernier ressemble d'ailleurs à s'y méprendre au méprisable Henry Potters. Le contexte est le même les procédés narratifs aussi. Cette histoire est redue vivante par un superbe jeu d'acteur, mention spéciale à James Stewart qui nous livre une prestation bouleversante !


Malgré son âge La Vie Est Belle continue de toucher les gens par son propos fort qui trouve encore aujourd'hui un écho particulier dans une société gangrenée par l 'argent. Une société dans laquelle les banques semblent imposer leur suprématie, dilapidant au passage le peu valeurs humaines subsistantes. Dans ce contexte de crise économique accablant, dans cette époque marquée par le désespoir le désœuvrement, ou certaines personnes poussent jusqu'à leur terme l'horrible bêtise évitée de peu par George au milieu du récit. Car malgré son utopisme global, le scénario aborde aussi des thèmes sombres tels que le suicide. C'est là la force de l'œuvre, elle pousse à mettre en perspective votre vie, à vous rendre compte que, quoi qu'il arrive, il y a toujours du positif. Quelles que soient les épreuves traversées, il ne faut pas désespérer, car oui, nous avons notre place dans le monde et, même de manière imperceptible, nous avons œuvé à le rendre meilleur. Nos actions, même les plus simples ont une importance. C'est donc là la qualité du film, traiter avec justesse d'un thème intemporel et conclure sur une scène certes utopiste mais nécessaire, car l'espoir fait vivre et c'est de l'espoir que nous offre Capra. 

paul55
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le 16 avr. 2017

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