Lady universelle ou Lady insatisfaisante, mon cœur balance.

Lady universelle ou Lady insatisfaisante, mon cœur balance. En effet, Lady Bird, bien que dépeignant les étapes de l'adolescence avec brio, tombe malheureusement dans le sentimentalisme à de nombreuses reprises et manque cruellement de profondeur. Greta Gerwig nous livre ici un scénario hyper commun qui aurait pu être doté d'une force et d'une puissance bien plus enivrantes si les personnages qui l'habitent avaient été plus charmants. Alors que ce sont véritablement les protagonistes de l'histoire qui portent tout le fil conducteur, il s'avère - tristement - qu'on se sent atrocement loin de ces derniers et qu'ils ne nous inspirent que très peu d'empathie. Au-delà de quelques scènes douces-amères et de courtes envolées lyriques et mélancoliques, Lady Bird nous laisse de marbre à cause de toutes les possibilités qu'il oublie d'exploiter.


Lady Bird, c'est principalement l'histoire de Christine, une jeune femme à fleur de peau qui se cherche et dont le désir d'émancipation occupe la majorité de ses journées. Christine, c'est le reflet de notre adolescence, cette période transitoire pleine de découvertes, de désillusions, de premières fois qui coupent le souffle et d'ajustements parfois impossibles à accepter. Nous voguons entre les différentes phases de son existence, perdus entre sexe, alcool, disputes familiales et relaxions toxiques ou libératrices. J'ai trouvé qu'il y avait, ici précisément, tout un tas d'options à utiliser, une matière première ultra riche qui n'attendait qu'à être transformée afin de conquérir le spectateur. Néanmoins, Greta Gerwig se perd parmi les méandres de Christine : nous n'assistons qu'à un enchaînement de moments qui paraissent pleins à l'écran mais dont la seule chose qui émane d'eux est un vide frustrant et décevant.


Alors que j'ai la larme facile devant un film et en dépit des joies et peines de Christine, je n'ai absolument rien éprouvé en découvrant ses multiples états d'âme. Parfois agaçante, souvent représentative de la réalité qui nous accable à son âge, Christine est pourtant une héroïne qui avait tout pour plaire. Je n'explique absolument pas ce manque incroyable de sentiments à son égard. J'ai eu l'impression que toutes les pistes étaient à peine effleurées, à peine dépouillées, simplement abordées pour prouver que le long-métrage avait parlé de telle et telle émotion. À mes yeux, c'est extrêmement regrettable. Je pense que l'intégralité du film aurait pu prendre une toute autre dimension si Christine et ses tourments avaient été plus violents et plus provocants.


Fort heureusement, tout n'est pas à jeter dans cette histoire. Lady Bird reste tout de même un film qui se laisse regarder sur un moment de la vie qui nous permet de grandir, de mieux comprendre nos désirs et le monde qui nous entoure et, finalement, de quitter le nid qui était le nôtre depuis toujours. J'ai beaucoup apprécié la relation hyper venimeuse entre Christine et sa mère ainsi que le lien qu'elle entretient avec son père. Lorsqu'on en vient aux relations familiales, cette histoire s'avère être plus convaincante. Comme dit précédemment, c'est au sein de cet aspect du film qui se cachent quelques moments de pure grâce et de nostalgie excessivement réaliste. Certains plans - surtout au moment de la conclusion du film - sont de véritables crève-cœurs qui m'ont tout de même prix aux tripes. Paradoxalement, c'est en me prouvant qu'elle était capable d'autant de beauté brutale que Greta Geswig m'a fait comprendre que Lady Bird n'était pas à la hauteur de mes attentes. On s'aperçoit, dès lors, que l'heure et demi passée en compagnie de Christine et ses proches aurait finalement pu être beaucoup plus déchaînée et foudroyante.


Finalement, Lady Bird est une jolie histoire mais qui est loin de sortir des sentiers battus ou de renouveler le genre. L'intrigue est aussi banale que les sujets qu'elle explore et ses protagonistes ne nous interpellent pas assez pour qu'on se laisse totalement prendre au jeu. Si les quelques passages desquels émane une passion poignante rattrapent les nombreux points noirs du scénario, ils sont surtout autant de preuves que le film aurait pu mieux faire. Je ressors donc très mitigé de mon visionnage et loin d'être convaincu par cette histoire et son héroïne qui semblaient toutes les deux prometteuses.


https://motsdejo.wordpress.com/2018/03/16/lady-bird-greta-gerwig/

Jordan__
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le 16 mars 2018

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