En cherchant quel film je pourrais aller voir au cinéma, je tombe sur cette affiche et ce titre qui, je ne saurais l'expliquer pourquoi, m'intrigue. Ayant le sentiment que j'allais assister à un film intéressant, je n'ai pas hésité longtemps avant de sortir de chez moi.
Il faut savoir (je l'ignorais avant d'écrire cette critique) que le scénario de Lara Jenkins a été écrit par Blaz Kutin plus de dix ans avant que le film ne voit le jour. Ayant fait partie du Torino Film Lab, le script remporte un prix d’un Fonds culturel de l’Union Européenne et c'est ainsi qu'il est parvenu aux oreilles de Jan-Ole Gerster qui a demandé à le lire.
Se déroulant sur une journée complète, Lara Jenkins est une oeuvre qui, de prime abord, semble tout ce qui a de plus banale. Il s'agit cependant de retranscrire le destin d'une femme à travers divers "petits" faits qui, assemblés, donnent lieu à un récit des plus passionnant.
Passionnant par l'implication des acteurs et leur génie d'interprétation, passionnant par son soucis du détail, sa rigueur, son authenticité.
Même si tout nous pousse à la haïr, malgré sa froideur et l'antipathie de la femme qu'elle joue, Corinna Harfouch nous déstabilise et réussit, haut la main, à nous émouvoir. C'est l'une des qualités majeures du film et notamment la raison pour laquelle je l'ai autant apprécié.
À tous les adeptes de piano ou de musique comme moi, aux querelles familiales et aux non-dits, c'est une oeuvre qu'il ne faut pas rater.
Anecdotes :
À l'origine, l’histoire se passait à Ljubljana qui est la capitale de la Slovénie. Le cinéaste a décidé de déplacer l'intrigue en Allemagne.
L’un des films qui a inspiré le réalisateur est Sonate d’automne d’Ingmar Bergman, pour le personnage de mère pianiste et narcissique. Corinna Harfouch, qui joue Lara Jenkins, a d’ailleurs joué dans une adaptation théâtrale de ce drame. Le réalisateur raconte : « c’est en la voyant au théâtre qu’est né le désir de travailler avec elle. Elle jouait Arkadina dans La Mouette, de Tchekhov, un autre personnage de mère narcissique qui rudoie son fils. Quand j’ai lu le scénario de Lara Jenkins, deux ou trois ans plus tard, cela m’a paru évident qu’il était pour elle. Si elle avait refusé, je crois que j’aurais renoncé au film ».