Encore un film qui nous parle d'Amour, de relations passionnées, et de couple...Le sujet a été traité des milliards de fois : la passion amoureuse qui tourne au mélodrame (et qui doit nous animer si on ne souhaite pas rater sa vie). Oui, mais l'angle choisi, l'esthétique globale du film mêlant "artifices et profondeur" (cf. critique de Karminhaka), l'association d'autres réflexions, l'ambivalence et la force des personnages nous emportent pendant 2h40. Pas le temps de se tourner les pouces : nous vivons le film. Stimulant.

Laurence désire changer de sexe à 30 ans : transitionner MtF. Comment cette décision va-t-elle percuter sa vie et notamment sa vie avec Fred qui tente de l'accepter sans y parvenir ? Elle en vient à le quitter. Longtemps après cette rupture, alors qu'elle a "refait sa vie" avec quelqu'un d'autre, Fred demande à Laurence s'ille ne regrette pas ses choix de vie qui ont remis en question et mis fin à leur histoire.
Ici, le choix de vie c'est la volonté de changer de sexe mais cela pourrait être n'importe quel autre choix personnel permettant d'être plus en accord avec soi-même.
Le film nous interroge "faut-il renoncer à des parties de soi et compromettre une grande part de sa liberté pour quelqu'un d'autre, aussi amoureux qu'on puisse être de cette personne ?". Laurence répond "non".

C'est un film assez cathartique par son esthétisme : de belles métaphores mises en scène. Bonne bande-son, belles images, bonne retranscription d'ambiances, de beaux visages (beaucoup de gros plans sur leurs expressions) et surtout, une mise en scène et des acteurs qui nous font vivre, à fond, les émotions de leur personnage. Dolan ne manque pas de marquer ses films, de sa patte, par tous ces effets.

Je n'ai, par contre, pas apprécié la façon de rajouter du pathos dans ce mélodrame romantique en soulignant le fait que, bordel, Fred a avorté...et en sous-entendant sûrement à la fois qu'elle a subi cet évènement et qu'elle a choisi de ne pas porter "le fruit de leur amour". Oui, et alors ? On aurait pu se passer de telles considérations traditionalistes et conservatrices.

On pourrait aussi se questionner sur la présence féminine dans ce film et comment Dolan travaille les personnages féminins, de manière plus générale. Rapidement, je peux dire que j'apprécie de voir à l'écran divers personnages féminins importants, affirmés et ambivalents : Fred, la mère de Laurence, la soeur de Fred.
mHysterie
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Films féministes, Top 10 Films et Les plus belles histoires d'amour au cinéma

Créée

le 16 sept. 2012

Modifiée

le 16 sept. 2012

Critique lue 724 fois

1 j'aime

mHysterie

Écrit par

Critique lue 724 fois

1

D'autres avis sur Laurence Anyways

Laurence Anyways
Before-Sunrise
8

J'ai pas menti, j'ai juste rien dit

Laurence est un homme et Fred une femme. Dès l’intitulé, il y avait déjà de quoi tilter. Le couple vit une histoire d’amour assez intense et d’une incroyable complicité. Lui est prof de lettres, elle...

le 9 juin 2013

105 j'aime

10

Laurence Anyways
MrShuffle
9

Le genre humain

C'est l'histoire de deux humains qui s'aiment. L'un est persuadé d'être une femme et l'autre aussi. Comme la biologie en a décidé autrement, des complications vont voir le jour à cause de la société,...

le 19 juil. 2012

87 j'aime

19

Laurence Anyways
Sergent_Pepper
6

Un homme e(s)t une femme.

Dolan a 23 ans, et a posé son style sur ses deux premiers films : la radicalité sans concession du conflit émotionnel dans J’ai tué ma mère, l’attrait pour un regard générationnel dans Les amours...

le 25 nov. 2014

58 j'aime

4

Du même critique

Fish Tank
mHysterie
8

Danse avec les loups

Morceau d'adolescence de Mia, 15 ans, milieu de prolo : relation de merde avec son entourage, dont celle avec sa mère "célibataire" qui souhaite la mettre dans un centre d'éducation spécialisée, viol...

le 5 janv. 2013

6 j'aime

Caligula
mHysterie
7

Une bonne adaptation porno de la version pseudo-historique de Suétone

C'est une historienne spécialisée en histoire romaine qui m'a conseillé de voir cette fiction "historique" pornographique, alors qu'on étudiait les "empereurs fous". D'ailleurs, selon elle, ils...

le 9 août 2012

3 j'aime