Laurence Anyways est superbement sinistre, caustique et très esthétique. Jamais je n'ai vu un film à la mise en scène aussi gracieuse et poignante. Xavier Dolan ne tombe jamais dans la caricature avec ce sujet de la transsexualité pourtant si tendancieux. Alors que la première parti du film s'organise autour de l'émergence, de la transformation et de l'assimilation de cette nouvelle apparence de l'excellent Melvil Poupaud en femme, la seconde partie nous bouleverse encore plus puisque elle nous transporte au gré des identités de chacun des protagonistes dans cette délirante histoire d'amour d'un transsexuel pour la gente féminine. La relation lesbienne qui se crée n'impacte jamais n'autre jugement puisque elle n'est jamais explicité ni sous entendu à aucun moment. C'est là qu'on retrouve le génie de Xavier Dolan, prendre l'homme et le traiter comme un homme, sans jamais le juger ni l'influencer, seulement lui montrer que la différence n'existe pas quand elle s'illustre et s’oriente autour du bonheur et du ressenti de notre corps. L’accompagnement sonore est bien entendu unique puisque en plus de nous faire vivre la scène en puissance il nous transporte dans cet univers "élitiste" auquel n'importe qui d'entre nous rêvons d'appartenir. Comme toujours, le jeune réalisateur s'amuse à jouer avec les œuvres d'art afin de servir toujours au mieux son oeuvre à lui.