Une superproduction historique qui se révèle être très au-dessus d'un genre souvent bien ennuyeux, d'une part par la qualité de la mise en scène - on pense souvent à John Ford ce qui n'est pas rien ! -, d'autre part car il s'agit aussi d'un film initiatique et même du « chemin de croix d'une figure christique » (cf. la très intéressante analyse de Jérémy Zucchi « Le chemin de croix de Lawrence d'Arabie » sur ouvre-les-yeux.fr). Même si l'on peut regretter que tous les chefs arabes du film, joués par des acteurs anglais qui cabotinent et parlent anglais même quand ils sont entre eux, rendent parfois le film peu crédible, l'ensemble reste à la fois impressionnant et, au final, laisse planer le mystère sur son héros. Laurence est un homme dont nous ne savons presque rien du passé, qui se cherche en cherchant à être un autre (s'affranchir de ses origines et de sa culture, voire même de sa couleur de peau), et qui ne fait que découvrir le mal et l'échec. Dans le making of du film, réalisé par Laurent Bouzereau, Adrien Turner explique que la question centrale du film est celle où, lorsqu'il arrive au canal de Suez, un soldat à moto, qui préfigure la mort de Laurence, lui crie « Qui êtes-vous ? ». On apprend que David Lean décida de remplacer la voix du figurant jouant le rôle du soldat par sa propre voix, considérant que c'était aussi la question qu'il se posait à lui-même.