Des airs de désert avec Jarre...

Lawrence d'Arabie est au cinéma ce que l'Arc de Triomphe est aux Champs Elysées ! Un monument à sa gloire ! Quel superbe film ! Tout y est démesuré, à l'échelle de l'Amérique dont les gratte-ciels envoient notre Tour Montparnasse au royaume de Lilliput.
On nage dans le gigantisme, l'immense : une figuration inouïe à laquelle a d'ailleurs participé l'armée marocaine (on savait se débrouiller à l'époque), des acteurs auxquels auxquels aucun cinéphile ne saurait résister, une durée de projection incroyable de 216 à 222 mn, mais on aurait pu faire plus long, des versions restaurées, on a même été jusqu'à planter des palmiers à Alméria (Espagne) pour figurer les décors et ils y sont toujours et ont de nouveau servi par la suite.
Ajoutons à toute la logistique démente qu'à dû entraîner ce film des conditions de tournage épouvantables : Peter O'Toole aurait dit à David Lean à la fin : "Désolé, mais je ne tournerai plus jamais avec vous" L'entente n'était pas en effet des plus cordiales entre les deux hommes et le réalisateur ne faisait guère dans la communication avec ses comédiens. Il pensait en effet que le "copinage" aurait pu nuire sur le plateau à son autorité de chef et susciter moins de distance entre le supérieur hiérarchique et son subordonné !
Beaucoup d'énergie et de souffrances, mais mon Dieu pour quel admirable résultat : des images de toute beauté, une intrigue captivante, un rythme incroyable, le tout assaisonné d'une sauce Maurice Jarre dont la musique du film fut elle aussi un succès ! A écouter avec encore plus de réalisme sur une plateforme auditive Bose qui n'a rien à voir avec du home-cinéma... Mais qui vous restituera une ambiance et une musique plus proche de la réalité ! (Info,, et pas pub : j'en ai une !)
Cette réalisation côté casting a fait des malheureux : ceux qui ont refusé ses rôles . Tels Maurice Ronet qui refusa de signer parce qu'on lui imposait de porter des lentilles oculaires bleues, Marlon Brando, et aussi d'autres déjà pris par d'autres tournages... mais qui à contrario rendit célèbres Peter O'Toole et Omar Sharif... Et qui au final se sont avérés excellents dans leurs rôles...
J'ajouterai aussi pour ma part avoir apprécié la prestation de Arthur Kennedy moins médiatique, le journaliste de l'histoire qui n'a pas atteint la même célébrité bien que sa filmographie soit aussi importante qu'un Bottin mondain ! Et aussi talentueuse que la brochette de stars comédiennes.
Bien que je ne sois pas très "médaille en chocolat", les 7 oscars qui ont récompensé ce long-métrage étaient amplement mérités, même s'ils n'ont pas été accordés à des acteurs de cette épopée...
Je ne parle pas des actrices car on n'en dénombre aucune au casting... La guerre une affaire d'hommes ? A moins qu'on n'ait veillé à ne pas fausser l'image du vrai Lawrence dont on dit qu'il était homosexuel ?
Compte-tenu de l'époque et des moyens humains et techniques employés, le budget de ce film n'était pas aussi colossal qu'on veut bien le dire ou l'écrire : 15 MM de dollars qui en ont rapporté plus de 70 ! Un jackpot mérité et pourtant la même année, Lawrence et ses 6 MM de spectateurs n'ont eu droit qu'à la troisième place du podium du Box-Office français derrière "La Grande Evasion" et la "Cuisine au Beurre" L'humour a toujours prévalu dans l'hexagone tout comme les comédies, aux fresques documentaires fussent-elles ambitieuses.
Quel est le réalisateur qui oserait s'engager aujourd'hui dans un pari aussi ambitieux et avec une telle perfection ?
la trois (RTBF) le 04.04.2019