Au lieu de flanouiller, allez voir ce film illico presti

Après Lincoln et Le pont des espions, le réalisateur Steven Spielberg revient à son premier amour : le film pour enfant. Le titre de son nouveau film, Le BBG le bon gros géant, adaptation du livre du même nom, écrit par l’auteur Roald Dahl (Charlie et la chocolaterie). D’abord adapté en téléfilm animé en 1989, un projet de film sera lancé en 1991 avec en tête d’affiche Robin Williams, mais ne sera malheureusement jamais achevé suite à une technologie pas suffisamment développée. Puis, en 2011, le projet est dépoussiéré par les studios DreamWorks ayant acquis les droits du livre. Scénario confié à la scénariste Melissa Mathison (scénariste d’E.T), le film trouve 3 ans plus tard son réalisateur, Steven Spielberg. Tournage envisagé en 2015, tourné en prise de vue réelle et motion capture, Walt Disney Pictures rejoint la production qui s’achèvera le 12 Juin 2015. Présenté à cannes cette année, le film a été hué par la critique, pire, il a même été décrit comme le film le plus mauvais du réalisateur. Les critiques ont-elles raisons ? Le BGG est-il aussi mauvais et ennuyeux qu’elles le décrivent ?


Si ignominable que ça ?


C’est à croire que les critiques et journalistes ont perdu leur âme d’enfant et ne savent plus faire marcher leur imagination. Le cinéma n’est-il pas justement l’imaginaire ? L’irréel devenant réel ? Que de méchanceté, que de cynisme prouvant encore qu’il ne faut plus se fier à la presse. Ce film ne méritait pas tant de cruauté. Contrairement à ce qui a été dit à Cannes lors de sa présentation, Le BGG est loin d’être le plus mauvais film de Steven Spielberg. Certes, il ne révolutionnera pas le genre malgré sa performance capture d’une grande qualité, certes son histoire manque un peu de consistance mais cette nouvelle œuvre, en plus d’avoir le mérite de nous offrir un univers original, est une pure merveille remplie d’authenticité faisant ressurgir l’enfant qui est en nous. Mêlant à la fois humour et tendresse, mettant en scène de personnages terriblement touchants et attendrissants, Le BGG respire la féérie et la joie. Longtemps que nous n’avions pas eu un film aussi merveilleux et magique. Ca manquait cruellement au cinéma. C’est donc avec vive émotion qu’on le retrouve ces deux éléments très importants dans Le bon gros géant.


A la fois doux, sublime, paisible, Le BGG est comme un rêve d’enfant devenu réalité. C’est une fable, un conte rempli de gentillesse permettant de réveiller l’enfant qui sommeil en chacun de nous. Oui le rythme est lent, oui l’enjeu ne sera montré que vers le milieu du film, mais malgré ces infimes points négatifs, ce qu’il ne faut pas reprocher à Spielberg, c’est de faire ce qu’il sait le mieux faire : raconter une histoire d’amitié improbable entre deux êtres différents physiquement mais pareils psychologiquement. C’est rempli de poésie, d’émotion, d’aventure, de magie dans ses images et effets spéciaux, la photographie est de toute beauté, certains plans sont iconiques, le parfait film innocent et naïf. Un film pour enfant à l’image de ce qui était fait dans les années 80 avec une petite touche de modernité dans l’esthétisme. Le cinéma a besoin de ce genre de films au lieu de ne montrer aux enfants que des films d’animation de plus en plus hystériques.


Retour en enfance avec le BGG


Quant aux personnages, l’humour sera omniprésent. Pour cela, remercions d’une part le doublage réussi et parfait d’un Dany Boon bien plus inspiré que pour ses derniers One man Show, mais aussi pour la performance capture hallucinante d’un Mark Rylance (vu dans Le pont des espions) méconnaissable et très expressif. Le BGG et ses grandes oreilles en feuilles de chou (raison numéro un pour avoir choisit Dany Boon comme doubleur ?) qui se sert d’un bateau d’humains comme d’un lit à son petit charme. Grand géant à l’apparence d’un gentil petit grand-père grognon, à la fois rempli de sagesse et le petit coté ludique d’un enfant. Ce personnage trouillard et bavard adopte un style de langage farfelu très particulier en faisant des fautes de syntaxes, tortillant les mots et expressions. La girafe devient une girographe, les crocodiles deviennent les crocidiles, l’expression « faire fausse route » devient « faire fausse croute », mentir devient « bobarder », le concombre devient le schnocombre, bref, la manière qu’a de parler notre géant ne manquera pas de vous faire rire, tout comme son comportement maladroit et un peu benêt. On l’aime, on s’y attache autant que le personnage de Sophie et on ne s’arrêtera pas là. En plus de boire une boisson gazeuse appelée Frétibulle où les bulles ne montent pas, elles descendent « gare aux flatulences », notre géant qui est le seul de son espèce à ne pas manger de chtis nienfants est condamné à manger du schnocombre, légume puant et répugnant.


Le BGG a un métier, et pas n’importe lequel, il est attrapeur de rêves. Il y a un endroit caché au pays des géants où un monde parallèle existe. Dans ce monde vit les rêves qui se baladent tels des papillons. Le gentil géant entend ses rêves. On sera à la fois captivé et ébloui par son métier. Attraper les rêves ressemblants à des petits nuages d’énergie de couleur que notre BGG attrape à l’aide d’un filet à papaillons « oui c’est comme ça qu’il dit » puis placés dans des bocaux et les étiqueter une fois qu’ils ont été attrapés. Des milliers de bocaux contenants des rêves et des vilains rêves (appelés épouvansonges) surplombent son grand atelier. On se retrouve par exemple avec un bocal où il est inscrit : tout nu au travail. Maintenant quand vous ferez des rêves abracadabrants, vous saurez de qui ça vient. Rêves qui par la suite sont placés dans une sorte de grosse flute dont le BGG utilise le soir, en sillonnant les rues de Londres, et souffle dans les pièces où dorment les humains. Aucun homme ne doit connaitre l’existence des géants, c’est pour cette raison que le gentil géant n’agit que la nuit en portant une capuche et se cachant dans le noir. Le BGG a peur qui s’il était amené à être découvert, il serait traité comme un monstre et enfermé dans une cage. C’est original et surtout très drôle. L’histoire se focalisera donc sur la découverte du monde des géants et leur menace sur le monde des hommes, ainsi que la relation entre Sophie et le BGG.


Un conte humaniste rigolo et mignonnet


L’alchimie entre Ruby Barnhill et Mark Rylance respire la sincérité. Le BGG devient un véritable ami, un protecteur pour l’orpheline. Cette relation aussi inattendue que l’avait été celle entre le jeune Eliott et E.T l’extraterrestre ne manquera pas d’émouvoir. Sophie, curieuse et courageuse apprendra d’elle-même, tout comme le BGG qui lui aussi apprendra d’elle et devra surmonter ses peurs. Nos personnages seront confrontés à la solitude, la peur et aussi l’abandon. L’adorable Ruby Barnhill pour qui le BGG est sont tout premier rôle se débrouille avec brio, surtout qu’hormis le personnage de la reine d’Angleterre et ses serviteurs (que l’on découvrira dans un très joli retournement de situation), l’actrice n’a d’interactions qu’avec des personnages en motion capture.


Le BGG, surnommé le nabot, est la tête de turc de son pays où ne vivent que des hommes plus gigantesques que lui. Ils sont peu nombreux mais féroces, ils sont musclés, ils ont une grosse bedaine, et partent enlever et manger des enfants humains « appelés hommes de terre » pendant la nuit. Parmi ses géants, on retrouve :


• Bouffe chaire fraiche, le chef des géants faible d’esprit qu’il compense par ses 15mètres de haut,
• Bave bidoche,
• Buveur de sang,
• Gobe gésiers,
• Croqueur d’os,
• Mâche mioches,
• Mangeur d’hommes,
• Ecrabouille filles,
• Garçon boucher.


Ses géants au nom qui ne donne pas envie de taper la discute avec eux, qui, lorsqu’ils dorment, s’emmitouflent avec l’herbe qu’ils retournent comme une couverture, seront la menace de notre film. Il s’agira pour le BGG d’empêcher ses géants de retrouver la trace de Sophie. Quant à la musique, signée John Williams, elle est à l’image de tout l’émerveillement, toute l’émotion intense que l’on retrouve dans la bande originale du film Hook. Du grand John Williams, comme d’habitude.


Au final, Le BGG, alors qu’il émerveillera les petits, fera ressortir chez les adultes l’enfant qui dormait en eux. Beau mélange d’humour, de bons sentiments, de suspense, ce conte féérique qui respire la pureté est tout bonnement magique et nous rappelle que Steven Spielberg a encore beaucoup d’imagination et d’amour à donner aux petits comme aux plus grands. La magie Spielberg fait son grand retour et ça fait un bien fou. Ceux qui ont été bercés étant enfant par les histoires du réalisateur seront aux anges. Une nouvelle magnifique œuvre, du pur plaisir nous montrant que l’amitié est la plus belle preuve d’amour. Un film conçu pour une chose : continuer à faire rêver les enfants. C’est réussi.

Jay77
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le 24 juil. 2016

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