Ça fait un peu mal de voir un Spielberg en petite forme. Pourtant sur papier, je pensais que cet artisan de l'imaginaire était parfaitement capable de s'emparer de ce conte pour enfants largement propice à l'onirisme.
Déjà je suis un peu partagé par cette direction artistique que j'apprécie visuellement, mais que je trouve parfois contre-productive vis-à-vis du propos du film. Le charadesign du BGG est par exemple plutôt réussi, mais je trouve que son faciès est presque trop expressif et sans nuance. Dès sa première rencontre avec Sophie, il porte déjà un regard très complice sur elle. On n'y croit pas des masses. D'ailleurs je dois dire que je n'ai jamais ressenti de réelle connexion entre les deux personnages. La faute au jeu limité de la fillette (Ruby Barnhill) qui rend la relation presque unilatérale ainsi qu'aux quelques passages d'incrustation un peu poussifs techniquement parlant (surtout lorsque le Géant déplace Sophie en l'attrapant).
Le film ne décolle réellement qu'à partir du moment où l'on découvre l'arbre du Pays des Rêves. Spielberg esquisse alors une somptueuse fresque créative. C'est un pur plaisir de voir Sophie courir au milieu de ces magnifiques orbes lumineux "matérialisant" nos rêves et nos cauchemars. On sent que le réalisateur joue à domicile en parvenant à nous émerveiller comme il sait si bien le faire. Et c'est donc évidemment regrettable que ces passages soient finalement si peu nombreux.
En fait, on sent qu'il est très vite rattrapé par les impératifs narratifs du conte. La deuxième partie du film s'avère vraiment pénible à supporter, car beaucoup trop enfantine et puérile. La "magie" s'estompe totalement pour laisser place à une série de gags pipi-caca un peu trop appuyés pour qu'on s'intéresse réellement à la progression de l'histoire.
Dommage de voir des fulgurances aussi prometteuses diluées dans une histoire aussi creuse et maladroite...