Le Big Friendly Giant (ça claque quand même plus), c'est un film que j'attendais beaucoup depuis l'annonce de Spielberg à la barre. J'aime beaucoup les derniers Spielberg, mais je suis littéralement amoureux de ses films traitant de l'enfance. Alors un retour sur ce thème dans un conte féerique, j'étais aux anges. Encore plus quand la première bande-annonce est sortie et promettait de bien belles choses.
Et sur ça, le film ne déçoit pas. Visuellement, Spielberg nous livre une petite merveille. Les scènes de nuit sont de toute beauté, et l'introduction du BGG est superbe et bourrée d'idées. Lorsqu'il s'enfuit avec Sophie, on le voit se camoufler dans le décor d'une façon si naturelle et si merveilleuse. Il est là, il a toujours été là, simplement très bien caché. Les effets spéciaux du monde géant sont particulièrement impressionnants, surtout le visage du géant sur lequel on reconnaît d'ailleurs très clairement les traits de son interprète. J'avais découvert Rylance dans le Pont des Espions. Ici, il continue d'épater par un jeu très juste et original (le langage parfois incompréhensible dont il se sert).
Les personnages et le monde imaginaire donnent vie à des scènes toujours bon enfant. Ainsi, et cette séquence divise forcément, on assiste lors de la deuxième moitié du film à une séquence à Buckingham Palace avec la reine. Et là, le réalisateur s'éclate. Il joue avec toutes les échelles, les dimensions. Quand les Anglais servent le thé au géant, c'est tout un système mûrement réfléchi auquel ils s'adonnent pour le servir. Spielberg se moque gentiment des Anglais, toujours polis et parfaits pour recevoir leurs invités. La séquence est vraiment drôle et surtout très inattendue dans un film comme celui-ci, préférant souvent le spectaculaire aux séquences plus posées. Enfin, je dois avouer que j'ai même ri aux blagues de pets, tellement c'en est surprenant venant du bon gros Steven (ce qui n'implique pas qu'on n'aurait pas pu s'en passer). Cette séquence, je l'ai trouvée géniale et ça m'a rappelé de beaux souvenirs d'enfance comme Spielberg sait si bien le faire. Je regrette néanmoins un peu la longueur de cette séquence, qui aurait gagné à être plus courte pour ne pas casser le rythme du film.
Mais le passage le plus réussi du film, c'est assurément la scène de l'arbre magique. En plus d'être d'une beauté saisissante et poétique, elle est très mignonne. C'est surtout la scène que je trouve la plus juste, Sophie courant parmi les rêves, sous le regard admiratif du géant. C'est une admiration mutuelle qui évolue entre les deux personnages. Moi, ça me parle ce genre de scènes, ça me touche. J'ai vraiment adoré.
Pourtant, si le film épate visuellement, c'est malheureusement surtout pour les scènes de nuit. En effet, et très étonnamment, les scènes de jour manquent de quelque chose. C'est assez fade, ça manque de cette luminosité si précieuse aux films de Spielberg (pensons aux scènes de jour d'un AI carrément éblouissantes). C'est dommage, parce que le film perd beaucoup de son charme lors de ces scènes. Les scènes entre les géants de jour font du coup beaucoup plus artificielles et moins percutantes. Fort heureusement, comme l'auteur sait tenir la caméra, il propose des plans longs (notamment un suivant Sophie pendant un combat) toujours réussis.
J'ai été quelque peu déçu aussi de la partition de Williams. Évidemment, comme toute partition du bonhomme, elle est efficace et est bien au-delà d'une grande partie des partitions classiques des films Disney. Mais venant de Williams, un peu comme pour Star Wars Episode VII, j'en attendais un peu plus, peut-être trop même, étant particulièrement excité de le revoir travailler avec Spielberg après son absence sur le Pont des Espions. C'est bien donc, mais pas mémorable. Mais j'ai particulièrement aimé les passages avec l'arbre magique, sans doute la réussite la plus totale du film.
C'est finalement un film que j'ai trouvé très agréable à regarder, avec plein de bonnes idées comme d'habitude de la part de Spielberg, mais qui aurait profité d'un rythme plus soutenu. Dommage aussi que le jeu de Sophie ne soit pas aussi bon que ceux des enfants qu'on a vus dans d'autres films du maître. Et si je ne tiendrai absolument pas rigueur à Spielberg et Williams de proposer des œuvres plus faibles qu'à leur habitude, elles n'en resteront en tout cas pas moins de jolies surprises.
N.B: J'ai profité d'une séance complètement en "4D", particulière, pas nécessaire, mais amusante à tester.