Un magnifique sujet réduit à néant.

C'est l'histoire d'un brillantissime et charismatique professeur de l'université Assas, un peu raciste mais plutôt incompris en fait, qui va être amené à devoir éduquer cette pauvre petite arabe de banlieue trop sentimentale, en lui apprenant des mots, en lui apprenant à parler quoi.
Alors certes il est un peu raciste, il l'appelle Fatima (explosion de rire dans la salle?!), il est cynique, prétentieux, mais comme elle le dit quand même à la fin dans sa longue tirade, on ne peut vraiment que souhaiter tomber sur un professeur comme lui. Car c’est lui qui la sauve finalement. Elle écoute avec pseudo-mépris -mais fascination- ce grand orateur interprété par Daniel Auteuil qui prône la non-victimisation des minorités. Oui, grâce à lui, à ses discours, elle va finalement trouver la voie de la parole et de la réussite.
Un film qui se veut de gauche, intégrationniste, et pourtant totalement réac'. La vision du colon éducateur quoi. Bourré de clichés, de scènes grotesques, le film est presque gênant. Je ne pense pas que Gainsbourg aurait vraiment apprécié être en introduction de ce film (avec Brel et d'autres grands orateurs)
Les performances d'éloquence sont censées être très personnelles, ce qui en fait leur beauté et leur émotion. Ici, ce ne sont que les paroles du professeur répétées machinalement par Neïla (on peut d'ailleurs le voir lui, pendant qu'elle déclame son texte en concours, le réciter à voix basse), donc forcément, l'émotion a du mal à passer.
Comment réussir à faire d’un sujet si beau (le documentaire À voix haute en est la preuve) un film si réducteur.