Un film sincère au traitement simpliste

Clint Eastwood est un réalisateur décidément étonnant. Il n'y a guère besoin de présenter le bonhomme à la filmographie impressionnante, tant devant que derrière la caméra. Mais le réalisateur, bientôt nonagénaire, parvient une nouvelle fois à nous livrer un film à l'histoire passionnante tirée d'un fait réel, seulement un an après La Mule, métrage déjà efficace qui confirmait un talent indéniable pour raconter des histoires pas comme les autres. Malgré quelques égarements ces dernières années, on pense à Au-delà ou bien le 15h17 pour Paris, on ne peut que constater la stabilité du réalisateur à se maintenir en haut du sommet en enchaînant les réussites et Le Cas Richard Jewell en témoigne. En s'inspirant de l'histoire vraie d'un garde de la sécurité qui aura sauvé de nombreuses vies en découvrant une bombe lors d'un rassemblement lors des Jeux Olympiques d'Atlanta en 1996, il narre l'histoire d'un homme qui va vite devenir le héros d'un pays avant de se retrouver le suspect n°1 suite à un matraquage médiatique et aux errements de l'autorité. Oui, c'est un bon film mais on ne peut s'empêcher de penser que le métrage alterne le chaud et le froid. C'est avant tout l'histoire d'un homme simple en recherche de reconnaissance, et son acteur Paul Walter Hauser l'interprète avec justesse tout en dégageant une tendresse envers cet homme respectueux de l'ordre et de la justice qui va perdre de ses prérequis face aux erreurs et abus de son système. Un processus intéressant puisque ce personnage qui va progressivement perdre espoir en cette autorité qu'il croyait si infaillible est aussi une manière pour le réalisateur de critiquer via les yeux de son protagoniste les erreurs du pouvoir fédéral. Néanmoins, la construction du film est somme toute classique, si elle est efficace, on ne peut s'empêcher de ressentir un sentiment de déjà-vu dans la manière de traiter cette histoire d'un homme face aux erreurs de son gouvernement. Si la narration fait preuve d'une maîtrise indéniable, Eastwood s'appuie par moment sur un traitement trop simpliste de son histoire. Il parvient tout de même à dessiner un portrait émouvant de son personnage. Et c'est bien dans ce registre que le film sort du lot notamment par ses scènes intimistes se concentrant davantage sur les relations entre le personnage principal et son entourage, que ce soit avec sa mère ou bien encore son avocat avec qui il entretient une relation qui touche plus à l'amitié. Ces scènes visent souvent justes et se montrent touchantes mettant en avant les forces et les faiblesses de son personnage central. Pour cela, le film s'appuie sur une fourchette d'acteurs tous plus talentueux les uns que les autres. En-dehors de l'acteur principal, deux d'entre eux sortent du lot indéniablement, Kathy Bates et Sam Rockwell. Chacun apporte une partition parfaite, on assiste davantage à un trio qui décide donc de mener bataille contre cet acharnement médiatique et fédéral. Ce n'est alors plus l'histoire d'un homme mais celle des différents protagonistes qui ont été touchés par cette affaire. Le film gagne ainsi en épaisseur et fait globalement preuve d'une retranscription sincère de l'affaire malgré quelques facilités scénaristiques. Hormis ce traitement plutôt facile et classique, le dernier métrage de Clint Eastwood réussit néanmoins à toucher par son propos et grâce à la performance de ses acteurs. On pourra néanmoins regretter que le film se décide de conclure son histoire plutôt hâtivement.