Avec le « Cas Richard Jewell » Clint Eastwood reste dans son thème de prédilection de ces dernières années : le biopic en forme d’hommage à un Américain moyen que rien ne destiner à devenir un héros.


Sauf que contrairement à un Sully (film du même nom) ou un Chris Kyle (« American Sniper ») Richard Jewell a un côté ultra banal, le genre de type qu’on ne remarque jamais et qu’il passe de héros à véritable bouc émissaire.
Ce qui rend le personnage d’autant plus attachant malgré tous ses défauts. Et c’est la grande force de ce film, Clint Eastwood nous montre un homme sans défense (ou presque), de bonne foi (avec une dose de naïveté presque idiote par moment) que va tenter de broyer un appareil d’Etat plus préoccupé par sa réputation que par la chasse d’un véritable coupable. Clint Eastwood dénonce avec une force mêlée d’une certaine retenue cette institution qu’est le FBI. Il charge aussi vertement les médias, l’emballement qu’ils provoquent à partir de seules suspicions dans la simple recherche du spectaculaire. La force de ce tumulte ignorant la justice et la vérité opposée à quelques individus tentant de résister à cette tempête donne un film puissant et émouvant. Le génie de Clint Eastwood se retrouvant dans plusieurs scènes aussi puissantes que discrètes


(La journaliste mise devant l’homme qu’elle a détruit, le gros plan sur le logo du FBI et sa devise « Fidélité, Bravoure, Intégrité » qui n’a cessé d’être bafouée lorsque Richard Jewell sort de son entretien final en sont 2 beaux exemples)


. Le tout est raconté sans manichéisme, avec cette vision sensible de l’humain si bien que l’on s’investit pleinement à tel point que l’on se sent révolté par une telle injustice


(et soulagé quand cela se termine enfin)


. Et comme le tout est bien joué, porté par une mise en scène simple et efficace et avec un récit limpide qui se suit sans effort, le spectateur peut pleinement s’investir émotionnellement.


Avec le « Cas Richard Jewell » Clint Eastwood nous livre un film avec sa griffe si particulière, incisif tout en ayant un certain calme, mordant sans agressivité, dénonçant sans caricaturer. A 89 ans, Clint Eastwood nous prouve encore est toujours qu’il est un des plus grand de l’histoire du 7ème art.

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le 6 mars 2020

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